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Je poursuis mon voyage seule en Afrique au Lesotho, où je m’attends à être accueillie par un mosotho, un habitant du pays, c’est ce qui me semble être le plus logique. Le hasard en décide autrement : Jenny, Carol et Loïda m’ouvrent leur porte, et moi, je vais là où l’on veut bien de moi. Ces trois jeunes philippines habitent à Maseru, la capitale du pays, depuis huit ans déjà. Suffisamment longtemps donc, pour pouvoir partager avec moi leurs connaissances sur le pays, tout en conservant une certaine objectivité. Voici le carnet de route de mon voyage au Lesotho en mode routard, une aventure dont je me souviendrai longtemps…

Une arrivée difficile au Lesotho :

Je racontais dans mon dernier article qu’après plusieurs mois passés à prendre la route chaque jour, je parvenais aujourd’hui à ne plus connaître ou presque de mauvais moment. J’ai en effet appris à gérer les aléas du quotidien, et à rester positive quelles que soient les circonstances. Dans ce même article, je précisais tout de même : à chaque problème sa solution, en espérant ne pas avoir à régler trop de soucis à la fois. Un certain sens prémonitoire ?

Je pars au Lesotho après quelques temps passés en Afrique du Sud, plus particulièrement à Durban, sur la côte. J’ai beau m’être levée à cinq heures du matin pour tenter de passer la frontière en sécurité avant la nuit, rien n’y fait, j’arrive au poste de Maputsoe alors que l’obscurité est déjà totale. Je dois passer la frontière à pied, car le bus ne va pas plus loin. Mon sac et ma guitare sur le dos, je ne suis pas vraiment rassurée. Les frontières terrestres, et plus particulièrement en Afrique, c’est toujours un peu quitte ou double. Une jeune fille m’aide, et me prend sous son aile. Nous marchons donc ensemble, assez vite, obtenons nos tampons de sortie puis d’entrée sur nos passeports, et poursuivons la promenade de santé jusqu’à la station de bus, côté Lesotho cette fois.

voyage routard au Lesotho

Demain, je réaliserai comme le Lesotho est joli !

Nous arrivons sur une place sombre, lugubre, où quelques foyers entretiennent une ambiance peu rassurante, crachant une épaisse fumée opaque dissimulant à peine les petits trafics de je ne sais quoi, qui se font de la main à la main. Je suis la seule blanche, et par conséquent un intérêt croissant. Des dizaines de chauffeurs et vendeurs en tous genres me sautent littéralement dessus. Certains attrapent mon sac à dos, pour m’aider à le porter (euh… non merci, c’est gentil mais ça ira…). D’autres me demandent de l’argent, ou me posent toutes sortes de questions farfelues, du genre : yes mam’, es-tu vierge ? Je sens que mon voyage au Lesotho en mode routard, ça va être quelques chose ! En tout cas, c’est le moment de faire semblant que je ne parle pas anglais…

Bref, nous trouvons enfin le bus qui se rend à Maseru, et changeons trois fois de véhicule car nous cumulons les pannes. Dans le car, tout le monde s’affole à mon sujet : c’est super dangereux la gare de Maseru la nuit, tu dois absolument dire à tes amis de venir te chercher ! La première fois, ça ne m’inquiète pas, j’ai l’habitude. La seconde fois non plus. Mais au bout de dix fois, j’avoue que le stress monte un peu. Je n’ai pas de réseau téléphonique ici, mais les passagers appellent mes trois couchsurfers philippines, pour leur demander de me rejoindre dès mon arrivée.

Une fois à la station de bus, personne, et tous les passagers disparaissent en un claquement de doigts. Toutefois, deux jeunes filles restent avec moi, ne voulant pas me laisser seule. Il y a de nombreux zonards qui me regardent avec insistance. Ça traîne, ça fume je ne sais trop quoi, ça hèle quelques mots à mon sujet et surtout, ça mate mon sac, et pas qu’un peu. Les filles demandent à un vigile d’un entrepôt voisin de me laisser m’abriter quelques minutes derrière ses grilles. Impossible, trop dangereux pour lui d’avoir une blanche à ses côtés répond-il. Ça, c’est rassurant ! Je respire profondément, en me disant que quoi qu’il se passe, demain, ça ira mieux. Si j’avais su…

Les deux filles téléphonent à nouveau à mes hôtes, qui finalement se déplacent mais m’attendent beaucoup plus loin, car elles ont peur de descendre en voiture jusqu’ici. Pas vraiment le choix : je marche tout au long de la rue, puis premier virage, je pars en courant en me disant de ne pas me retourner. Moi qui aime voyager hors sentiers battus, je suis servie ! Ouf, après dix minutes de courses effrénée, je trouve enfin la voiture qui m’attend sur un parking, le stress retombe d’un coup, et je repense bien fort aux deux filles qui m’ont aidée ce soir.

voyage au Lesotho en routard

Le lendemain en ville, l’ambiance est tout de même plus sympa !

Quand la galère continue :

Deuxième jour au Lesotho, et trois amis philippins des filles viennent passer le week-end à la maison. On fait tous connaissance, ils sont adorables avec moi. On s’endort tous les sept dans le salon, sur deux matelas et deux canapés. Autant dire qu’on est serrés : il y a aussi deux allemands, Fifi et Bruno, de grands et beaux blondinets, j’en ai un de chaque côté histoire de me tenir chaud. Bon, ce sont des bergers allemands, mais c’est mieux que de ne pas avoir de compagnie du tout non ?

Je ne sais pas si ces derniers m’ont porté la poisse, mais en pleine nuit, je suis malade comme un chien. Fièvre, vomissements, diarrhée, courbatures, sueurs froides, et en plus j’ai une bronchite. Malade, je l’ai été souvent depuis le début de mon aventure, et même si je prends toutes les précautions pour garder la santé en voyage, j’ai déjà terminé trois fois à l’hôpital. Cependant, cette fois fut la pire, et de loin.

Je vous passe les détails mais entre deux crises, je reste clouée au lit, et dors trente-six heures d’affilées, dans un semi-coma. Le surlendemain, je quitte enfin mon matelas, fébrile et trempée, demande quel jour on est, et je comprends en voyant les regards inquiets de mes hôtes que j’ai dû passer un bon bout de temps en dehors de toute réalité. Je m’excuse d’être restée si longtemps allongée, les remercie de leur compréhension (et surtout de ne pas m’avoir mise à la porte), et passe enfin un moment avec eux. Je suis malade toute la semaine, même si mon état s’améliore chaque jour. C’est pourquoi je reste à Maseru et ne m’aventure pas trop loin : je reste très fragile et décide d’y aller doucement. En plus, toute la petite bande est aux petits soins avec moi et le contact passe très bien entre nous, je suis donc ravie qu’ils puissent m’héberger plus longtemps que prévu.

aventure au Lesotho en routard

Les filles et moi, j’ai vraiment une sale mine !

Le Lesotho en mode routard, la fin :

À part ce démarrage un peu difficile, j’ai passé une semaine inoubliable à Maseru, en grande partie grâce à ces six philippins complètement décalés et extravertis. Sûrement les hôtes les plus déjantés depuis le début de mon tour du monde. Leur foyer, c’est un peu la maison du bonheur, on s’y sent bien, et les rires éclatent tout au long de la journée.

Ils ne sont ni riches, ni pauvres. Ils ont juste ce qu’il faut pour être heureux, et semblent ne manquer de rien tout en ne vivant pas dans l’excès. Ils ne vivent pas reclus, enfermés au sein de leur propre communauté, comme je l’ai souvent vu dans les cercles d’expatriés. Non au contraire, ils sont ouverts sur leur nouveau pays d’accueil, ont des amis basotho (du Lesotho), travaillent pour la plupart dans l’industrie textile, au même titre que de nombreux habitants du coin, et connaissent les rudiments du sesotho (langue locale).

Ils ont un profond respect pour la culture du pays, et tous semblent être amoureux des paysages fascinants que renferme le Lesotho. Ils me recommandent donc un trek, qu’ils choisissent facile et proche de la capitale, au vu de mon état de santé toujours instable. Là, pas de mots pour décrire une telle perfection de la nature. J’ai rarement admiré d’aussi spectaculaires escarpements. Digne d’un bon western tourné dans le Far West américain, avec pour seule différence les arbres, ces mêmes arbres, courts et larges, que l’on ne trouve qu’en Afrique. Je reste sans voix, et me dis que malgré mes quelques mésaventures du début, je ne regrette pas d’être venue jusqu’ici. Pas le moins du monde. Les paysages, les basotho, mes hôtes, le Lesotho renferme tant de trésors inattendus. Des diamants bruts, qui n’ont pas besoin d’être polis : ils sont juste parfaits comme ils sont.

Le cœur content, je suis monté sur la montagne d’où l’on peut contempler la ville en son ampleur, hôpital, lupanars, purgatoire, enfer, bagne, où toute énormité fleurit comme une fleur. Tu sais bien, ô Satan, patron de ma détresse, que je n’allais pas là pour répandre un vain pleur ; mais comme un vieux paillard d’une vieille maîtresse, je voulais m’enivrer de l’énorme catin dont le charme infernal me rajeunit sans cesse. Que tu dormes encore dans les draps du matin, lourde, obscure, enrhumée, ou que tu te pavanes dans les voiles du soir passementés d’or fin, je t’aime, ô capitale infâme ! Courtisanes et bandits, tels souvent vous offrez des plaisirs que ne comprennent pas les vulgaires profanes.

Charles Baudelaire, Le spleen de Paris

faire un trek au Lesotho

Les formes galbées du Lesotho

Demain, je devrai à nouveau faire mon sac à dos et retournerai en Afrique du Sud, à East London cette fois. J’emporterai avec moi un peu de Jenny, Carol, Loïda, Ian, Ronald et Moï, que j’espère recroiser un jour, en Afrique, en France, ou aux Philippines, qui sait. Je leur serai toujours infiniment reconnaissante d’avoir pris soin de moi, particulièrement lorsque j’étais au plus mal. Quand on voyage, on se sent souvent vraiment petit, et on s’aperçoit bien vite que sans l’autre, on n’est pas grand chose. Et ce fut le cas pour moi cette fois encore. Merci à vous tous, je n’oublierai pas…

Enfin, pour aller plus loin, je vous invite à retrouver le meilleur de mon blog voyage, ainsi que l’intégralité de mes récits de voyage et tous mes conseils aux voyageurs ! Et vous, ça vous tenterait un voyage au Lesotho en mode routard (sans tomber malade tant qu’à faire) ? Si c’est une aventure qui vous est familière, n’hésitez pas à la partager avec nous dans les commentaires ci-dessous…


Mon voyage au Lesotho en mode routard : quelques loupés, un joli trek, et de magnifiques rencontres... | Histoires de tongs, le blog voyage passionnément alternatif

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