Panier

Tana, la capitale malgache, ne laisse pas le voyageur rester sur sa faim de surprises et de rencontres. En voici un exemple, celui de mes dernières vingt-quatre heures passées ici…

La dernière soirée :

Avec les soeurs

Avec les sœurs

Je suis toujours chez les sœurs qui me reçoivent deux semaines au sein de leur communauté. C’est ma dernière soirée en leur compagnie. Pour fêter ça, j’avais prévu de faire un petit goûter d’adieu, mais Sœur Florine a préféré que j’achète des côtelettes de porc, elles n’en mangent pas souvent car c’est un peu cher pour leur budget, alors ce soir, finalement, on mangera des côtelettes d’adieu.

Au moment du dessert, la quinzaine de sœurs présentes disparaissent de la salle à manger comme si de rien n’était. Elles reviennent quelques minutes plus tard, chantant et dansant en cercle autour de la table, un plateau de compotes de mangues et un paquet cadeau dans les mains. Elles reprennent cet air entraînant durant une dizaine de minutes, avant de m’offrir un magnifique pagne violet, à l’effigie du Saint patron des voyageurs, pour me souhaiter bonne route. Touchant, émouvant. C’est comme ça à Madagascar, les gens prennent soin de moi.

Le dernier repas :

Vue Tananarive

Vue sur le stade de Tananarive

La nuit passe vite et c’est déjà l’heure du départ. Sœur Florine m’accompagne à l’aéroport, mais nous faisons un détour dans une communauté de prêtres jésuites, car elle a un renseignement à leur demander.

Nous croisons l’un des prêtres dans le grand parc attenant au foyer, elle ne l’a jamais vu, mais après quelques minutes de discussion ce dernier nous invite gentiment à manger.

Il nous offre un repas de fête : viande, bière, et même fromage affiné par les moines. Je me croirais dans ce spot publicitaire bien connu. Il me tend quelques pièces de monnaie afin que je les garde en souvenir du pays, et revient me voir dans la foulée avec une belle étole blanche qu’il m’offre en signe d’adieu. C’est comme ça à Madagascar, les gens prennent soin de moi.

Le dernier verre :

Avec soeur florine

Avec sœur Florine

Nous quittons les lieux, et passons quelques heures dans les embouteillages. Ici les rues sont tellement petites qu’il n’est pas rare de rester bloqué de longues heures sur la chaussée. Nous arrivons enfin à l’aéroport et buvons un verre dans un petit bar, près du parking. Sœur Florine m’offre un kilo de mangues et un kilo de bananes pour mon voyage. Moi, je partage mon paquet de petits beurres, à chacune son style.

Les hommes assis à la table d’à côté s’emparent de ma guitare, et tous se mettent à jouer, les uns après les autres. Ils chantent des prières malgaches qu’ils reprennent d’une seule et même voix, même Sœur Florine s’y met, et c’est magnifique. À mon tour de leur jouer quelques morceaux. C’est fou comme c’est facile de sympathiser lorsqu’on promène un instrument de musique sur son dos. Ils me tendent ensuite un verre de rhum coca, et nous trinquons à mon voyage qui s’achève. C’est comme ça à Madagascar, les gens prennent soin de moi.

Le dernier moment :

Agents de l'aéroport, Tana

Soirée improvisée avec les agents de l’aéroport de Tana 🙂

Après avoir fait mes adieux à Sœur Florine, j’attends sagement dans l’enceinte de l’aéroport. Mon vol n’est que demain, mais il est très tôt, et je ne veux pas prendre le risque de le louper, en me perdant dans les transports en commun. Je passe donc la nuit ici, une fois n’est pas coutume.

Des agents de sécurité me repèrent assez vite, et me demandent de leur jouer un morceau de guitare. Nous allons donc dehors et nous nous asseyons dans l’herbe. Je chante, ils chantent, nous passons un excellent moment. Un agent assez jeune a un niveau de guitare excellent, bien meilleur que le mien. Je lui demande alors depuis quand il joue et s’il a une guitare chez lui. Il m’apprend qu’il débute, depuis un an seulement, en utilisant les instruments de ses amis quand il les voit. Bon, moi ça fait douze ans que je joue, et si un jour je parviens à jouer comme lui j’en serai la première surprise. Un vrai prodige.

Petit à petit, je m’aperçois que tous les agents de sécurité sont autour de moi, soit une quinzaine d’hommes, ils me chantent des canons malgaches et le temps passe vite. À cet instant, il pourrait se passer n’importe quoi dans l’aéroport, plus personne ne contrôle quoi que ce soit. J’insiste donc pour qu’ils retournent à leur poste de travail, mais ça n’a l’air d’inquiéter personne d’autre que moi, alors nous continuons joyeusement cette soirée improvisée jusqu’à vingt-trois heures.

L’un des gardiens me propose ensuite de venir dormir chez lui, il habite tout près d’ici. Mais mon vol est à 6h, je dois donc enregistrer mon sac vers 4h et je culpabilise de le réveiller si tôt. Un de ses collègues décide alors de m’ouvrir le bureau d’informations aux touristes pour que je dorme au calme quelques heures. Moi, je n’avais rien demandé, toute cette gentillesse me tombe dessus juste comme ça, car définitivement, c’est comme ça à Madagascar, les gens prennent soin de moi…

C’est ainsi que je quitte cette belle île si lointaine. Ces dernières vingt-quatre heures reflètent bien mes deux semaines passées ici, toujours protégée, et bien entourée. L’Afrique seule et en sac à dos, c’est quelque chose tout de même ! Merci à tous du fond du cœur…

Je m’envole aujourd’hui pour Istanbul, après une escale à Johannesburg puis une autre à Doha. De quoi bien occuper mes prochaines quarante-huit heures. D’ici là, tout peut encore arriver, ça, je l’ai bien compris…

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