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J’ai terminé il y a quelques semaines mon grand challenge à pied, le long de la Via de la Plata : 1000km de marche solitaire, entre Séville et Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne. Faire le chemin de Compostelle en hiver a été bien différent de mes deux précédentes aventures sur le Camino de Santiago. En effet, les conditions climatiques et la quasi-absence de pèlerins m’ont permis de vivre une toute autre expérience, aussi rude que magique. Voici quelques conseils pour celles et ceux qui souhaiteraient se lancer à leur tour sur le chemin, durant la période hivernale…

Quel Camino de Santiago choisir ?

Tout d’abord, tous les chemins de Compostelle ne sont pas conseillés en hiver : les itinéraires montagneux ne sont pas recommandés, pour d’évidentes raisons de sécurité. Il faut également prendre en compte la période d’ouverture des refuges, qui diffère un peu selon les chemins. Sur le Francés par exemple, trouver un hébergement reste facile même en plein hiver. D’autres voies sont à l’inverse plus compliquées : j’ai parcouru la Via de la Plata en entier, et j’ai souvent dû marcher plus de 40km pour trouver une auberge (surtout après le 1er décembre, même si j’ai toujours pu dormir à l’abri). Je m’y attendais, ce ne fut donc pas un problème pour moi, mais mieux vaut y être bien préparé…

Au sein de la communauté jacquaire, deux itinéraires sont recommandés l’hiver : le Camino Portugais et la Via de la Plata. Le climat est censé être plutôt doux sur ces deux chemins. Je connaissais déjà le chemin Portugais, et j’avais tout de même un doute sur les conditions météo que pouvait offrir la côte Atlantique à cette période de l’année. C’est pourquoi j’ai pour ma part opté pour la Via de la Plata.

Finalement, le climat ne fut absolument pas clément, et j’étais sous la pluie la plupart du temps. J’ai pourtant adoré ce challenge, car il m’a permis de repousser mes limites bien au-delà de ce dont je me croyais capable. Étrange plaisir que celui ressenti par le pèlerin, tout autant éprouvé par le chemin qu’heureux d’être là.

Le chemin de Compostelle en hiver :

Bien qu’il soit possible de faire le chemin de Compostelle en hiver, il est important de préparer sa randonnée correctement, car cette époque de l’année peut se révéler particulièrement difficile pour le marcheur. Évidemment, la première des complications est de faire face à la pluie (ou la neige), ainsi qu’au vent et au froid. Il faut donc revêtir un équipement adapté afin de rester au sec (voir ci-après).

De même, il faut prendre en compte le fait que beaucoup d’infrastructures risquent d’être fermées : auberges, restaurants, et même fontaines (pour éviter qu’elles ne gèlent). J’aime me laisser porter par le chemin, mais en hiver mieux vaut prévoir avec soin sa journée du lendemain, savoir quel sera le point de chute et où il sera possible de se ravitailler. Après quelques mésaventures, j’ai pris l’habitude de téléphoner chaque jour aux hospitaleros pour m’assurer que je disposerai bien d’un hébergement le soir venu.

Peu de pèlerins se lancent sur le Camino durant cette saison, préférant à juste titre la douceur de l’automne ou celle du printemps – qui sont à mon avis les meilleurs moments pour passer plusieurs semaines à l’extérieur. Le chemin se retrouve donc déserté (notamment sur les itinéraires secondaires), ce qui peut vite engendrer un fort sentiment de solitude. Là encore, ce ne fut pas un problème pour moi, mais il faut savoir que j’ai marché seule la plupart du temps durant ce voyage, qui a duré un mois. Chaque soir, j’ai tout de même eu la chance de retrouver mes deux compères, Gina et Maxi, qui furent de véritables rayons de soleil !

hiver camino santiago

Les paysages désertiques d’Estrémadure

Le Camino en hiver, avantages :

Faire le chemin de Compostelle en hiver compte tout de même quelques avantages, notamment celui d’avoir le Camino pour soi : si vous avez marché sur le Camino Francés en été, vous savez sûrement de quoi je parle… Savourer cette intimité avec le chemin fut pour moi quelque chose de précieux, une expérience que je suis heureuse d’avoir pu vivre une fois dans ma vie !

Autre point positif : les dortoirs sont vides, il n’est donc pas nécessaire d’entrer dans une lugubre course aux lits en fin de journée. De même, pas besoin de se lever à 5h du matin pour échapper à la foule ou au soleil, quel bonheur de pouvoir dormir autant que le corps le réclame ! Par contre la nuit tombe tôt, n’oubliez pas d’emporter une lampe de poche : je me suis servie de la mienne presque tous les jours.

Enfin, les terres espagnoles ont tendance à être extrêmement arides en été, ce qui ne les rend pas forcément très attrayantes. De plus, les violentes insolations sont monnaie courante sur le Camino, qui dispose de très peu d’ombre. L’hiver, la nature se transforme, et c’est une nouvelle péninsule Ibérique qui entoure le marcheur… Si vous aimez les paysages bucoliques, mystérieux, voire poétiques, cette saison est faite pour vous : ne pensez pas trop à la météo et lancez-vous !

Dans notre marche vers la connaissance, la raison est l’entrave.

Roger Mondoloni, Onaga


camino de santiago hiver

Entrée en Galice

L’équipement spécifique à prévoir :

J’avais déjà rédigé un article complet sur l’équipement du pèlerin de Compostelle, que je vous laisse découvrir pour compléter votre sac à dos. Je préfère me concentrer ici uniquement sur les spécificités liées aux conditions hivernales.

Sachez par exemple que votre sac risque d’être un peu plus lourd en hiver qu’en été, car vous aurez besoin de plus de vêtements chauds. Cependant, si vous préparez correctement votre aventure, vous pouvez faire en sorte de porter directement sur vous ce qui est pesant (manteau…), et de n’avoir dans votre sac que peu d’affaires de rechange, relativement légères. Afin de réussir ce tour de passe-passe, soyez malin, équipez-vous de vêtements qui sèchent vite car peu d’auberges sont chauffées, et n’oubliez pas votre cape de pluie ! Sans quoi, vous devrez prévoir une tenue de change complète, qui pèsera lourd.

Pour vos pieds, et concernant les chaussettes, soyez par contre intransigeant. Mieux vaut porter quelques paires supplémentaires afin d’avoir toujours les pieds au sec, plutôt que de collectionner les ampoules ! Prenez des chaussettes en laine de mérinos, c’est ce qui se fait de mieux. Par ailleurs, je vous recommande de choisir vos chaussures pour Compostelle avec la plus grande attention (ce modèle est à mon avis le meilleur sur le marché, j’ai fait 4000km avec), c’est l’un des points les plus importants de vos préparatifs. Aussi, j’étais équipée de surchaussures imperméables, en cas de très forte pluie. Elles ont résisté à la totalité du voyage, et pourtant je les ai très souvent portées ! Par contre, leur impérméabilité empêche toute respiration : pensez à les retirer régulièrement et séchez-les, sinon vos pieds seront mouillés à cause de la transpiration. Cette solution est loin d’être infaillible, mais elle dépanne lorsque le temps est vraiment mauvais.

Petit bonus : pas besoin de transporter avec vous énormément d’eau, car on transpire généralement beaucoup moins lorsqu’il fait froid ! Attention toutefois : veillez à porter des vêtements respirants et à vous découvrir dès lors que votre corps se réchauffe. Libre à chaque pèlerin de choisir le volume d’eau qu’il juge nécessaire à sa consommation, mais pour ma part un litre par jour me suffisait amplement, sur la Via de la Plata (contre cinq litres en été sur mes autres chemins, mais je remplissais ma gourde au fur et à mesure dans les nombreuses fontaines).

chemin de compostelle en hiver

Début de la Via de la Plata, en Andalousie


Compostelle en hiver, derniers conseils :

Si vous souhaitez marcher sur le chemin de Compostelle en hiver, et qu’il s’agit là de votre première aventure à cette période de l’année, je vous recommande de jeter un œil aux articles suivants, qui complèteront celui-ci :

  • Les températures : L’hiver, la nature est bien souvent moins clémente et le randonneur doit s’assurer de rester en sécurité, quelles que soient les circonstances. J’ai écrit il y a quelque temps un article qui comprend tous mes conseils pour voyager par temps froid, je vous invite à le découvrir.
  • Poids du sac : Sur le Camino de Santiago, voyager léger est plus qu’essentiel. Préparez votre sac avec soin et ne négligez aucun détail !
  • Spécial femmes : Si vous voulez faire le chemin de Compostelle en tant que femme seule, et que vous redoutez un peu de vous lancer, je vous encourage à découvrir mon point de vue sur le sujet, cela vous rassurera sûrement.
  • À lire : Vous pouvez également retrouver ma sélection de livres sur le chemin de Compostelle, si vous souhaitez vous plonger dans l’univers du Camino avant de démarrer votre aventure. Par ailleurs, n’oubliez pas de vous munir de votre Guide Miam Miam Dodo, qui fait figure de référence sur le chemin.

J’espère que ces différentes astuces pour faire le chemin de Compostelle en hiver vous seront utiles ! Si vous avez des choses à ajouter, vous pouvez laisser un petit commentaire ci-dessous avec plaisir.

Enfin, pour en savoir plus, n’hésitez pas à retrouver mon dossier complet sur le chemin de Compostelle, qui comprend tous mes récits d’aventure sur le Camino mais également des conseils pratiques, ainsi que tous les articles de mon blog sur le trekking et la randonnéeBuen camino à tous !


Faire le chemin de Compostelle en hiver, c'est possible ! Conseils pratiques après 1000km sur la Via de la Plata, dans le froid et la pluie, mais avec le sourire... | Histoires de tongs, le blog voyage passionnément alternatif

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Join the discussion 16 Comments

  • Florence et Patrice dit :

    Bonjour Astrid et merci pour ce retour d’expérience. Nous envisageons de parcourir le Camino Portugais mi automne 2022 de Lisbonne à St Jacques. Quel parcours devons nous envisager pour cette période ? Celui du littoral où le classique dans les terres ? Et pourquoi ?
    Encore merci
    Patrice

  • Pierre M dit :

    Merci d’avoir partagé cette expérience. J’hésitais à envisager de prendre la route en hiver. Merci.

  • Armelle dit :

    Bonjour ! Merci beaucoup pour toutes ces infos !!
    Je prévois de faire 15 jours du chemin début décembre sur la route qui part de Paris et passe par Tours (si les hébergements réouvrent) et tu m’as convaincue que c’était envisageable !
    J’avais juste une question : comment t’organisais-tu concernant les repas ?
    Et est-ce que tu as une idée de combien d’argent prévoir à ce niveau là ?
    Merci d’avance !!

    • Salut Armelle, pour les repas je prévoyais juste mon pique-nique du midi et je vérifiais que je pourrais me ravitailler chaque jour. En France, pas trop de souci, mais faire attention aux dimanches : magasins souvent fermés dans les petits villages. Bon chemin à toi !

  • Françoise Daigle dit :

    Bonjour,
    J’ai fait le Camino au printemps, avec deux jours de pluie sur trois.. ouf! la pluie est un vrai défi à ne pas sous-estimer. J’imagine qu’avec le virus, le Chemin n’est plus fréquenté et que ce sera impossible de penser partir avant un long moment… quelle tristesse! Je rêvais de reprendre ces chemins de liberté.

    • Bonjour Françoise et merci pour votre retour d’expérience. Il est vrai que la pluie rend souvent ce type de voyage à pied un peu plus compliqué, même si cela fait partie du jeu ! Concernant le camino en période de coronavirus, il me semble que de nombreux pèlerins sont actuellement entrain d’arpenter les sentiers espagnols (et français). Des mesures sanitaires ont été mises en place comme partout. N’hésitez pas à vous renseigner auprès de votre association jacquaire locale pour plus d’infos, et bonne continuation à vous ! 🙂

  • C’est courageux de se lancer dans une aventure pareille en hiver ; nous avons un ami qui l’a fait et selon lui, ce n’était pas de tout repos et le mauvais temps l’a bien éprouvé. Merci pour ce partage et ces précieux conseils. Bonne continuation !

  • Jean-Marc Levent dit :

    Bonjour Astrid.
    Bravo, ton site est super et je me réjouie à chaque fois de te lire.
    A propos de ce trek, ça tombe bien que tu l’ai écris juste maintenant car je vais partir sur ce même chemin fin Mai. Donc je me réjouie d’être enfin un seul et de marcher à mon rythme. Je te tiendrai au courant si tu le veux ?
    En attendant, merci pour le partage,
    Jean-Marc

    • Bonjour Jean-Marc et merci pour ton message ! Je te souhaite un buen camino, plein de belles rencontres et de vivre une superbe aventure. Oui tiens moi au courant si tu veux ça me fera plaisir. Bonne continuation à toi et à une prochaine alors 🙂

  • papi dit :

    A ma Rouma, rien d’impossible !

  • le lan dit :

    salut, ten parcoups est vraiment to!!!!!bone continu

  • Mila dit :

    Quel défi d’affronter le Camino en hiver ! En automne nous avons déjà fait face à pas mal de pluie et à des journées assez houleuses concernant le froid, donc j’imagine bien que certains jours ont été compliqués. Ceci dit, vu la fréquentation du Camino, ça doit être top d’être un peu plus dans le solo. Il y avait vraiment beaucoup trop de monde, c’était parfois difficile d’avancer !

    • Oui un sacré défi, surtout sur la Via de la Plata qui est déjà un chemin assez désert, mais quelle belle aventure… Je vous avais suivis lors de votre périple, ça a aussi été un beau challenge ! Bon vent à vous et au plaisir 🙂

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