Panier

Nous sommes aujourd’hui plongés dans une société qui nous pousse à consommer et à jeter toujours plus, ce qui entraîne un gaspillage alimentaire incommensurable.

D’une part, il faut savoir que ces déchets comestibles participent grandement à la pollution de l’environnement, d’autre part, cela peut soulever quelques questions morales, notamment dans un monde où 805 millions de personnes souffrent encore de la faim.

C’est pourquoi (entre autres) je suis devenue freegan. Pour ceux qui souhaitent comme moi se nourrir en voyage sans dépenser un centime, pour ceux qui souhaitent s’éloigner de cette culture du jetable sans avoir à faire trop d’efforts, une solution facile existe : le table-diving.

Le table-diving, c’est quoi?

Encore un anglicisme, et oui! En français, cela signifie plonger à table, mais comme cela ne veut rien dire, je traduirai par récupérer de la nourriture abandonnée sur les tables, avant qu’elle ne soit jetée à la poubelle.

En d’autres termes, c’est pratiquer une sorte de pêche urbaine, au gré des restaurants et fast-foods que l’on trouve en chemin, et sauver de justesse des aliments encore consommables avant qu’ils ne terminent leur course dans nos bennes à ordures.

J’apprécie tout particulièrement le table-diving, car dans beaucoup de pays en développement, il me semble compliqué de faire du dumpster-diving (ou en français le fait de plonger dans les poubelles).

En effet, prendre possession de cette nourriture mise au rebut, en ayant pertinemment conscience que quelqu’un dans le besoin n’aura plus rien à récupérer après notre passage, ne correspond pas vraiment à la philosophie freegan, à laquelle j’adhère. Par ailleurs, la prolifération des bactéries dans certains pays rend la pratique un peu aléatoire pour nos estomacs occidentaux.

Dans les restaurants des lieux touristiques, c’est déplorable mais certain : les plus démunis ne peuvent pas accéder à la nourriture, et cette dernière est donc indéniablement destinée aux ordures. En cas de doute, je préfère donc le table-diving, ainsi le cas de conscience ne se pose pas.

Où et comment faire?

Il est facile de reconnaître un endroit propice au table-diving. De préférence, choisissez un lieu :

  • où l’on consomme beaucoup de nourriture (chaînes servant de la nourriture à volonté),
  • où il y a beaucoup de passage (centres commerciaux),
  • où les gens sont pressés (snacks, fast-foods),
  • et où il y a des familles avec enfants

Arrivez à l’heure du repas, et asseyez-vous autour d’une table, comme tout le monde. Feignez d’être un consommateur classique, récupérez par exemple une boisson (même vide) que vous poserez ensuite en face de vous.

Restez attentif aux comportements des clients. Gardez un œil sur ceux qui ont presque terminé leur repas, sur les familles nombreuses, sur ceux qui semblent avoir eu les yeux plus gros que le ventre…

conseils table diving

Lorsqu’un consommateur s’en va, deux options se présentent à vous. Il peut laisser la nourriture sur la table, et dans ce cas vous n’avez qu’à changer de place discrètement et finir son repas. Il peut aussi décider de débarrasser son plateau, auquel cas, à moins de lui demander gentiment si vous pouvez terminer son menu XXL, vous le verrez verser cette nourriture encore chaude directement dans la poubelle.

Conseils divers :

J’ai développé au fil du temps quelques techniques qui fonctionnent généralement très bien. Les voici :

  • Sortir son téléphone et faire semblant d’écrire des messages ou de surfer sur le net en attendant qu’une table se libère : ça paraît normal et ça n’attire pas l’attention
  • S’assurer que les clients ont réellement terminé leur repas (ils peuvent simplement être aux toilettes!)
  • Changer de restaurant régulièrement
  • Être rapide : les vigiles doivent aussi faire leur travail
  • Prendre à emporter lorsque cela est possible (emballer les frites et manger ailleurs)
  • Jeter un œil aux terrasses des cafés, c’est fou ce que l’on peut trouver à picorer directement dans les rues
  • Avoir toujours un petit sac plastique propre (et pas troué!) pour récupérer ce que l’on glane : chips, olives…
  • Être certain que la nourriture est destinée à être jetée, ce qui n’est pas toujours le cas (comme le pain par exemple) car là, c’est du vol

La première fois :

Comme toute autre chose, ce n’est jamais évident de sauter le pas. On croit – à tord – que tous les regards vont se porter sur nous, et que la situation va nous sembler étrange, voire nous mettre mal à l’aise.

Tout d’abord, soyez certain que les clients attablés autour d’un gros hamburger dans un fast-food n’ont que faire de vos faits et gestes. Ils ne vous remarqueront probablement pas, à moins que vous ne vous cassiez la figure en tentant de courir après un cornet de frites.

Vous pouvez essayer de tenter une première fois en étant accompagné d’un ami, c’est toujours plus facile à deux. Croyez-moi sur parole, vous trouverez largement assez de nourriture pour chacun d’entre vous.

La première fois que j’ai pratiqué le table-diving, je ne savais même pas que cette technique avait un nom. C’était il y a trois ans et je terminais un tour d’Europe. Je me promenais dans les rues de Rome sans un sou en poche, et j’ai aperçu une quantité impressionnante de nourriture qui restait sur les plateaux d’un fast-food, en terrasse. Je me suis donc assise, l’air de rien, et j’ai mangé. En dix minutes, je n’avais plus faim, et personne n’avait eu le temps de me remarquer. Depuis, j’ai pris confiance en mes habiletés, et c’est tout naturellement que je continue de glaner ça et là.

Certains considèrent cela comme une pratique extrême. Pour ma part, je suis heureuse de me nourrir en voyage sans dépenser un sou, c’est ainsi que j’ai fait le tour du monde, et ça, ça n’a pas de prix.

conseils table diving

Par ailleurs, étant donné que je suis convaincue du bien-fondé de cette pêche souvent miraculeuse, je n’éprouve aucun cas de conscience à pratiquer cet art de la table quand l’envie m’en prend.

Il existe d’autres techniques pour récupérer de la nourriture, notamment le dumpster-diving, que j’évoquais un peu plus haut. J’ai rédigé un article complet avec tous mes conseils au sujet du glanage alimentaire. Par ailleurs, si vous avez décidé de voyager végétarien, ou de voyager zéro déchet, n’hésitez pas à jeter un œil à ces autres articles. Enfin, si certains d’entre vous ont des conseils à ajouter, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires!

Join the discussion 20 Comments

  • Nikos dit :

    A tester maintenant que les terrasses réouvrent !

  • Julien Fastagram dit :

    Helllo

    J’espère que vous allez bien. Très bien écrit comme d’habitude.
    Avez-vous un compte Instagram pour que je puisse vous follow et être abonné à vos actus ?

    Au plaisir de vous lire encore
    Merci

  • Loris LELOUP dit :

    Super article avec une petite touche d’humour

  • Véro dit :

    Table-diving et dumpster-diving : deux pratiques que nous avons régulièrement observées aux USA en 1981. La première fois, en tant que cliente, j’étais un peu sur mes gardes de voir un gars passer et repasser devant notre table et de nous surveiller avec autant d’insistance. Mais lorsque nous avons compris le principe, nous prenions soin d’emballer ce que nous n’avions pas manger et de le remettre à une personne intéressée.
    C’est dans mon éducation, comme beaucoup d’enfants élevés par des parents qui ont eu faim pendant la guerre, je ne supporte pas de jeter de la nourriture.
    Un bon tuyau aussi est de repérer des lieux où on organise souvent des réceptions.
    Par contre, je comprends moins pourquoi il faut « faire semblant de rien » ? Ce n’est pas interdit que je sache de manger ce que d’autres ont déjà payé.
    Mais tiens ! au fait en Suède, c’est pas le pays de ces magasins (enseignes jaune et bleue) qui vendent des meubles en kit et qui ont d’immenses restaurants self-service ?

    • Salut Véro! Merci de partager avec nous ton retour d’expérience 🙂 Concernant le « faire semblant de rien », effectivement il ne s’agit pas là d’une pratique interdite. Toutefois, plus tu es discrète, moins on te demande de quitter les lieux… Même si nous sommes dans notre bon droit, ces enseignes restent des domaines privés et peuvent donc nous faire quitter le restaurant, donc je préfère pour ma part passer inaperçue. Haha oui je suis en Suède, mais non je ne vois pas de quoi tu parles!?! 😉 Mais plus sérieusement, ce grand magasin dont tu parles est super loin du centre à Malmö, et surtout j’habite à deux pas du marché donc je préfère vraiment récupérer des fruits et légumes (c’est fou la quantité que je ramène chaque semaine) plutôt que de manger des produits industriels… Quand on peut choisir, autant manger sain! Bonne continuation à toi!

  • J’en apprends tous les jours. Il m’est déjà arrivé de faire du table-diving sans savoir que ca avait un nom. Souvent, mes potes me prennent pour un fou, mais sérieux, quand je vois ces assiettes loin d’être vides, c’est plus fort que moi, il faut que je pique ce qu’il y a dedans ! Après, il reste encore un monde entre le faire intentionnellement pour se nourrir et le faire quand l’occasion se présente.

  • Eleonore dit :

    Merci pour tes conseils! Maintenant il faut que je fasse le plus dur, me lancer 🙂

  • Zhu dit :

    Au Canada et aux USA, les gens ont tendance à emporter les restes dans un « doggy bag ». Ça ne fait pas ton affaire, forcément, mais je trouve ça plus cool comme pratique que de jeter la nourriture.

    • Coucou! Oui effectivement, j’avais vu ça lorsque j’étais en Amérique du Nord. C’est d’ailleurs très bien, mon point de vue n’est pas tant de manger gratuitement, mais bien d’éviter le gaspillage alimentaire. Une initiative à importer en France donc! 🙂

      • Zhu dit :

        Bien d’acord avec toi.

        D’ailleurs, en repensant à ton article, je voulais te donner une « astuce » que tu connais peut-être déjà. Dans beaucoup de boulangeries chinoises (c’est valable surtout en Asie et en Amérique du Nord), les invendus de la veille sont mis dans un sac, un gros lot d’une dizaine de petits pains ou autre est vendu au prix symbolique (1 $ par exemple). Je trouve ça super. Pas de perte, ça fait des heureux, et franchement… c’est tout aussi bon. J’en achète souvent pour distribuer dans la rue ou donner dans des squats (ça fait beaucoup pour moi seule 🙂

        Je suis retournée en France cet été et j’ai eu le plaisir de découvrir quelques boulangeries françaises qui faisaient ça aussi. J’espère que ça deviendra plus commun!

  • Patrick dit :

    Précieux conseils..

  • Papi dit :

    merci pour tous ces bons conseils.
    de plus, en tant que fervent défenseur de l’environnement, je ne peux qu’abonder
    dans ton sens …
    bon appétit

  • Toma dit :

    T’as réussi à récupérer un menu entier a Shake shack et un autre a Chipotle ? :p

    A cause de toi les dumpster divers n’ont plus rien a manger ceci dit… Hihi

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