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Courant 2013, je décide de tout quitter pour changer de vie. Après quatre ans d’aventure autour du monde, en van aménagé et surtout en auto-stop, voici le bilan de ce quotidien fait de bitume, de rencontres et d’imprévus…

Partir, ou tout quitter pour changer de vie :

Abandonner ton emploi, ton studio et ta vie de sédentaire : la décision la plus folle que tu aies prise de ta vie. Cinquante mois de nomadisme s’en suivent, et une seule journée s’avère être insurmontable, effrayante, interminable : celle de l’aube de ton aventure. Jamais tu n’as ressenti de telles sueurs qu’en cette veille de grand départ : si tu sais ce que tu pars chercher, tu n’es pas vraiment sûr de ce que tu trouveras.

T’élançant de cette falaise t’envoyant fissa sur le tarmac de John F. Kennedy, tu as les tripes nouées. Tes premières heures d’errance, de Central Park au Bronx en passant par Brooklyn et Harlem, te délestent pourtant de toute appréhension : tu viens de comprendre qu’aujourd’hui comme demain, tout ira pour le mieux. Ton angoisse apaisée, tes doutes évaporés, tes questions éludées, il ne te reste plus qu’à prendre la route.

Désormais, tu veux seulement mettre les pieds là où tu ne les as jamais mis, lever le pouce bien haut, sauter dans une bagnole, pioncer à la belle, geler sous la tente, te consumer au soleil, aller et venir, vagabonder nu-pieds, dompter les déserts, grimper des sommets, te casser la gueule, échouer sur une plage, te baigner à poil, ronger ton pain sec, boire de la vodka, dessoûler à l’ombre, lire du Baudelaire, percer des secrets, jargonner en russe, écrire des haïkus, étancher ton désir, t’envoyer en l’air, embrasser les nuits blanches, endurer les échecs, jouir des réussites, maigrir à vue d’œil, gratter ta guitare, parier gros au poker, perdre encore la face, esquiver les flics, noyer ta solitude, méditer en forêt, invoquer les étoiles, trouer ton futal, tambouriner aux portes, encaisser des beignes, en redemander, te heurter à la vie et balayer demain.

tout quitter pour changer de vie

Pont de Brooklyn, New York City

Voyager, ou croquer la vie à pleines dents :

Tout quitter pour changer de vie, c’est un peu quitte ou double : pour toi, miser sur la conjecture n’est pas une mince affaire, notamment parce que la société qui t’a vu pousser ne t’a pas encouragé à aller au bout de cette envie de partir loin, ni conditionné à plonger corps et âme dans les bras de l’incertitude. C’est pourtant sur la route, dans cette école de la vie et comme de précaires bulles de savon, qu’au fil des kilomètres éclatera ta vérité : l’être humain, et c’est universel, est un être bienveillant. Qu’importe la culture dans laquelle les hommes grandissent, tous sont capables de ressentir les mêmes joies, les mêmes amours, mais aussi les mêmes peines. L’arme la plus pernicieuse étant l’ignorance, artillerie suprême poussant au repli sur soi. Telles sont les richesses qui te sont alors transmises, dès les premières foulées de ton épopée.

Protégé par les ailes de ces hommes et ces femmes, qui te glissent au fond du sac une once de leur amour, tu ne peux désormais que dévorer la vie. Du Nord au Sud et d’Est en Ouest, tu ne cesses à présent de tracer ton chemin, à travers pays et nations tous plus fabuleux les uns que les autres. Il n’est pas de contrée au monde qui ne regorge de merveilles, il n’est pas de peuple sur terre qui n’ait à offrir de fraternité. Du moins tu y crois et n’en démordras plus : c’est là tout ton bonheur, ta chance et ton luxe.

tout quitter pour changer de vie

Enfants de Varanasi, en Inde

Un retour impossible, ou quêter toujours plus :

Tout quitter pour changer de vie a un envers du décor : tu te cognes violemment, une fois pris aux griffes de cette vie sans frontières, à l’impossibilité de faire marche arrière. Dorénavant tu ne peux, même si tu le souhaitais, renoncer à cette dose escomptée d’adrénaline quotidienne. De même, tu ne peux te résoudre à te rabibocher avec cette ancienne vie, que certes tu aimais : vous êtes à jamais désunis. Marié à la route qui te procure les plus fiévreuses jouissances de ta vie, tu n’oserais imaginer trahir cette passion incendiaire.

Espérant que tu pourras vivre sur la route encore longtemps, avant que la roue ne tourne pour toi comme elle l’a fait pour d’autres, tu continues de chercher le bout du tunnel, t’enivrant intensément sur les pavés du monde, poursuivant au plus loin ta quête de liberté. Aujourd’hui, rentrer à la maison serait de nouveau tout quitter pour changer de vie, et tu ne saurais te résoudre à sauter le pas. Advienne que pourra, mais en attendant, tu relèves le pouce sur ces pistes ocres, ces chemins cendreux, ces rubans fumants, ces traverses longilignes, ces voies sans issue, ces autoroutes infâmes, ces allées gelées, ces lacets sinueux, ces sentiers désolés, ces routes désertiques, ces possibilités infinies : en réalité qu’importe, puisque tu vibres.

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Aux environs de Springbok, Afrique du Sud

La vie de voyage, trop souvent fantasmée, est pourtant loin d’être une vie difficile. Lorsque la routine s’installe, lorsque le lâcher prise s’impose, lorsque la bohème s’enracine, il suffit simplement de lâcher prise, et de regarder les choses aller à leur gré…

Elles ont aussi tout quitté pour changer de vie :

Voici quelques blogueuses dont le parcours m’inspire, pour celles (et ceux) qui souhaiteraient en savoir plus sur le nomadisme :

Et pour aller plus loin, n’hésitez pas à retrouver l’intégralité de mes récits de voyage, ainsi que tous les écrits relatant mon tour du monde !

Enfin, en cet anniversaire, j’en profite exceptionnellement pour remercier mes parents ainsi que mon Papi. J’ai effectivement cette chance inouïe d’avoir à mes côtés une famille qui accepte mon choix d’avoir tout quitté pour changer de vie, me soutenant constamment sans trop me tenir rigueur de ces absences prolongées. Maman, Papa, Papi, je vous adresse un énorme bisou et c’est promis, à Noël, nous fêterons nos retrouvailles comme il se doit…


Ce qu’on ne peut empêcher, il faut le vouloir.

Jean-Christophe Rufin, Le tour du monde du roi Zibeline


Tout quitter pour changer de vie : après 4 ans de tour du monde, en van et en stop, voici le bilan de ce quotidien de voyage, de bitume, de rencontres et d'imprévus... | Histoires de tongs, le blog voyage passionnément alternatif

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Join the discussion 31 Comments

  • vinecnt dit :

    bonjour , je ne sais par ou commencer , car , cette idée de tout quitter (j ai femme et 1 enfant) m’obsède . je me demande si je dois faire ce qui me semble être le plus honnête pour mon âme . l idée de partir , 2 ans je pense , pour me trouver et vivre ce que seul moi pourrait apprécier , est la bonne solution . ma soif de découverte du monde et des gens/peuples , m obsède. je me dis que partir et faire cette experience , je me le dois a moi-meme, et que meme si cela est egoiste , c est ainsi . cela m’appele . que dois-je faire ?
    quand je vous lis , je comprends que partir n ‘est pas un sejour de vacances et que cela apportera son lot de bons et de douloureux et incertains moments , mais je n arrive pas a me resoudre a ne pas tenter l’aventure . pour ce qui est du budget , je pense que je pourrai avoir un confortable budget de 1700/mois , meme si le but est de vivre , et non d’etre un touriste car je pense qu il est rassurant d etre a l aise financierement , meme si ce n est pas le but de la recherche de soi.
    je ne sais pas si je dois tenter l’aventure ( meme si au fond de mon coeur je le sais profondément) , voila. j aimerai juste un petit retour sur mon envie de partir.
    merci

    • Bonjour Vincent,

      Vaste question que vous me posez là. Je ne peux malheureusement pas vous aider, à part en vous disant que la réponse se trouve très certainement déjà quelque part en vous ! Dans tous les cas belle route à vous 🙂

  • Orlane dit :

    Bonjour et d’abord, merci de ne nous faire partager votre quotidien d’une façon si bien développée.
    Je vous souhaite, moi-même, tout quitter. Cette idée me travaille de plus en plus mais la question des finances se posent ? Quelles sont vos sources de revenus une fois le pays quitter ? est-il aisé de se faire de l’argent ailleurs ou vivez vous sur des économies ?
    En vous souhaitant une agréable soirée !

    • Bonjour Orlane et merci pour votre message. Il est vrai que la question budgétaire revient souvent sur le tapis, mais pour ma part je ne vis pas sur mes économies et je ne cherche pas non plus du travail à l’étranger puisque bloguer est mon métier. Vous pouvez faire des recherches en ligne sur la profession de nomade digital, peut-être que cela vous donnera des idées ? Belle journée à vous et bonne continuation…

  • Chloé dit :

    Waouw….
    Je m’apprête à déposer ma demande de mise en dispo (en gros, à prendre une année sabbatique) après avoir passé 2 ans économiser… je rêve de partir sur les routes, moi aussi, et je vais enfin me donner les moyens de vivre ce rêve 🙂 votre blog me motive encore plus (car forcément, il y a des moments ou je doute : serai-je en train de faire une grosse connerie…?)

    Petite question cependant, je n’ai pas encore bien définit un projet quelconque, j’hésite entre la marche (St Jacques de Compostelle) ou la voiture : road-trip (Europe de l’Est et plus si affinités). Je n’ai pas de van (et ne compte pas en acheter) et je ne sais pas trop quel mode de voyage est le plus sympa : j’aime énormément marcher, mais c’est un peu lent, donc ça limite le kilométrage…par contre, liberté totale, avec option stop 😉 la voiture permet d’avoir un peu plus de matériel/confort, mais peut être aussi moins d’opportunités…
    Auriez vous un avis avec le recul de vos expériences ?

    Merci et au plaisir de se croiser sur la route 🙂
    Chloé

    • Bonjour Chloé et merci pour votre message. Super votre projet, je vous souhaite avant toute chose d’en profiter au maximum et de faire de belles rencontres ! Pour ce qui est de votre question, je ne sais pas trop quoi vous répondre, les deux options que vous citez étant vraiment différentes. Vous êtes la seule personne à-même de savoir ce qui est le mieux pour vous (ou pourquoi ne pas alterner?) Prenez soin de vous et bonne route !

      • Chloé dit :

        Bonjour,

        Merci pour votre retour ! c’est vrai que ce sont deux types de voyages bien différents 🙂 je me demandais si vous aviez déjà vous même effectué un road trip (avec véhicule, peut importe lequel) et si vous aviez l’impression de moins « rencontrer » de personnes ou d’avoir moins d’opportunités en voyageant ainsi ou pas 🙂
        (dans tous les cas, je vais probablement faire un peu des deux en effet 🙂 )
        Merci à vous en tout cas pour ce blog, et au plaisir de se croiser au hasard de nos itinéraires respectifs !

  • Clémence dit :

    Magnifique texte.. après 6 mois de travaux sur notre nouvelle maison sur roues, nous avons embrassé la vie nomade le 22 décembre dernier.. ce ne sont pas les mêmes contraintes/libertés qu’un pouce levé mais je sais déjà que la route, toute sa magie et toutes ses contrariétés feront partie de moi à tout jamais..
    J’espère que ton Noël en famille s’est délicieusement passé..
    Clémence

    • Bonjour Clémence et merci pour ton message ! Effectivement, pour connaître un peu la vie en van, ce ne sont pas les mêmes contraintes, mais l’aventure est toujours aussi sympa ! Bonne route à vous, et au plaisir 🙂

  • Paula dit :

    Je prends beaucoup de plaisir à lire vos articles. Je les trouve bien construits, etsurtout, vous traduisez bien ce que vous ressentez. J’espère que vous conserverez cette envie de découvrir l’étranger.

  • Le temps passe tellement vite. Je vois que tu ne regrettes pas tes choix et que tu te plais dans cette vie ! Plein de bisous de Victoria et du Capitaine 🙂

  • Mickael dit :

    Bonjour Astrid,
    Merci pour cet article, et pour ton retour d’expérience.
    Continue à écouter ta petite voix intérieure, et à vivre comme tu le sens, c’est là, ta plus grande liberté!

    Mickael

  • Très belle aventure. Tu fais ce que beaucoup n’ont pas osé. N’est-ce pas un peu frustrant, parfois, de rencontrer des gens sur le bord du chemin et de ne jamais vraiment approfondir la relation?

    • Parfois, je prends le temps (ou je me débrouille) pour aller plus loin que de courts échanges. Bien sûr, cela n’est pas possible à chaque fois, mais il y a toujours des coups de cœur qui valent le coup d’approfondir, et il ne tient qu’à moi de m’en donner la peine. Donc non, je ne ressens pas ce manque, mais c’est une question intéressante et je crois que j’y repenserai dans les jours à venir ! 😉

  • papi dit :

    comme toujours, c’est un régal
    merci pour le message de fin …
    en effet, j’attends fin Décembre avec impatience !
    grosses bises

  • Harmo dit :

    On voyage avec toi grâce à tes écrits … c’est juste géniale je suis tellement fière de toi ❤️❤️

  • Très beau texte agréable à lire et qui nous plonge directement dans ce que tu as vécu et ressenti jusque là. C’est intense et inspirant.

  • J’adore ta plume. Un texte superbe. Je ne partage pas tes envies, mais je les respecte profondément.

  • Girltrotter dit :

    Ton article est si fort que je n’ai pas de mot. J’en reste là, embrumée dans mes pensées, avec un simple merci

  • Anne C dit :

    Bonjour Astrid,
    Contente de te savoir poursuivre ton aventure encore et encore ! Je te souhaite plein de bonnes choses. Le monde est grand, tu n’en as pas encore fait le tour ! !
    Continue à nous raconter tes voyages et tes belles rencontres.
    Tu n’as plus ton chien grec avec toi ?
    Bisous et belle route !
    Anne

    • Bonjour Anne, merci pour ton message et ton soutien, c’est gentil ! Non mon chien est resté chez ma mère car c’était un tout petit chiot et elle a adoré ma mère dès le premier jour, puis entre les risques de parasites et maladies, puis les problèmes de papiers aux frontières, je me suis dit que ce n’était pas très malin de l’emmener avec moi cette année car trop risqué. C’est devenu le chien de la famille, et tout le monde la chouchoute, alors même si elle me manque je me dis qu’elle est bien mieux à dorer au soleil dans le jardin familial, en jouant avec mes autres chiens et chats 🙂 Mais bon, hâte de la retrouver…

  • GAUBERT dit :

    Quels récits magnifiques !
    Mais oh la la ! Bien calée dans mon fauteuil pour lire tes aventures, je ressens un peu cette angoisse du « de quoi sera fait demain  » mais aussi ton bonheur de si belles rencontres !
    Je te souhaite de pouvoir encore très longtemps « vivre ta route » sur les routes et les chemins ou pas de chemins du tout là où « tes pieds ne se sont pas encore posés », pour ton bonheur et notre plaisir !
    Bon vent Astrid !
    Amitiés.
    Damienne (ta tiens de Nicolas )

    • Bonjour Damienne ! Merci pour votre message ! Hé bien concernant demain, j’espère pouvoir faire de l’écriture mon métier, bien qu’il me reste à apprendre encore tout un tas de choses… J’ai une pile d’une tonne de bouquins à lire afin de progresser un peu, et puis quand j’aurai lu tout ça je devrai être prête pour tenter ma chance! 🙂 Bonne continuation à vous

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