Panier

Lors de mon récent voyage en Bulgarie, j’ai eu l’occasion de me rendre dans l’ancienne Maison du Parti Communiste bulgare. Cette visite comptera parmi les plus marquantes sessions d’exploration urbaine que j’ai pu faire. Situé à plus de 1100m d’altitude, sur le Mont Buzludzha (ou encore Buzludja, Bouzloudja et Бузлуджа), ce bâtiment hors normes fut construit sous le régime communiste de la République Populaire de Bulgarie.

Il s’agit d’une ancienne salle de congrès, érigée en l’honneur de la création du mouvement socialiste bulgare en 1891. Bâti et inauguré en 1981, ce monument fut conçut par l’architecte Guéorguy Stoilov. Sa construction aura nécessité sept ans de travaux effectués par six mille ouvriers (volontaires ou issus du génie civil), mais également la contribution de vingt célèbres peintres et sculpteurs bulgares, et surtout sept millions d’euros, rien que cela.

En 1989, suite à des changements politiques en Bulgarie (dont le limogeage du président Todor Givkov), la Maison du Parti commence à se dégrader à mesure que la démocratie se renforce. Finalement, et bien qu’ayant toujours été le plus grand monument idéologique de Bulgarie, la soucoupe volante de Buzludzha est laissée à abandon, elle n’aura été utilisée que huit ans.

Son style architectural détonne. Certains le trouvent trop agressif, d’autres trop futuriste, mais il est considéré par tous comme hors du commun. Deux parties principales composent l’ensemble : un bâtiment sphérique gigantesque, et une tour haute de soixante-dix mètres. Cette dernière arbore fièrement deux étoiles d’un rouge rubis mesurant douze mètres chacune (elles sont tout de même trois fois plus grandes que celles du Kremlin!).

La soucoupe quant à elle est en piteux état. Du toit qui prend l’eau, seul le squelette résiste tant bien que mal. L’armature bétonnée du bâtiment survit au temps, mais les mosaïques en marbre et en verre qui faisaient autrefois la splendeur du lieu s’effritent de plus en plus. Dommage, car au sein de l’auditorium situé au cœur du monument – pièce splendide de plus de cinq cents mètres carrés – certains portraits sont aujourd’hui détruits (souvent volontairement), comme ceux de Ludmila et Todor Givkov. D’autres fresques à l’effigie du communisme résistent mieux, notamment celles représentant Marx, Engels et Lénine, ainsi que quelques scènes de bataille.

Au dessus de cette grande salle se trouve une coupole, à plus de quinze mètres de haut. Également recouverte de mosaïque, on y aperçoit un marteau accompagné de sa faucille, et on y lit le slogan suivant :

Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!

Autour de cette même pièce, un couloir circulaire dispose de gigantesques fenêtres panoramiques, ouvertes sur la montagne.

On peut lire à l’entrée du bâtiment quelques citations de l’Internationale, écrites en cyrillique, comme son célèbre incipit : Debout, les damnés de la terre! Enfin, il y aurait même dans les fondations du monument une capsule contenant un message de l’ancien président Jivkov, adressé aux générations à venir…

Ce témoignage historique divise aujourd’hui les esprits. Deux camps s’affrontent : ceux qui veulent oublier ce douloureux passé, et ce qui souhaitent conserver cette part de l’Histoire comme un élément marquant de leur identité. Bien qu’étant devenue officiellement la propriété du Parti Socialiste bulgare en 2011, l’ancienne Maison du Parti ne connait toutefois aucun projet de rénovation. Le coût des travaux étant estimé à une quinzaine de millions d’euros, l’avenir du site est à l’heure actuelle un véritable casse-tête politique.

Pourtant, ce musée-fantôme du communisme attire déjà de nombreux curieux, il n’y a qu’à compter le nombre de promeneurs présents le jour de notre visite! De même, quelques hôtels alentours semblent avoir flairé la bonne affaire. Le lieu, chargé d’Histoire, pourrait bien devenir une manne financière intéressante, liée à l’industrie touristique. Cela éviterait d’ailleurs aux pilleurs et casseurs d’aggraver les dégradations.

L’avenir nous dira donc ce qu’il en adviendra…

Et pour aller plus loin , vous pouvez également lire mes articles sur la Bulgarie et plus généralement sur les Balkans, découvrir ma sélection de livres sur l’URBEX, ou jeter un œil à mes autres sessions URBEX!

J’en profite également pour adresser un grand merci à Maryse pour sa contribution dans nos différentes recherches!

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