Panier

Toujours en route vers l’Est, José et moi franchissons la belle Autriche, sans trop de péripéties. Innsbruck, Salzbourg puis Graz, et c’en est fini de prendre notre temps : Camille, ma meilleure amie, vient de nous donner rendez-vous à Ljubljana, capitale de la Slovénie, pour une semaine de route à trois.

C’est loin d’être notre première aventure ensemble. En dix-sept ans d’amitié, notre trio a déjà eu maintes occasions de vadrouiller un peu partout, notamment à Rulindo au Rwanda où notre équipe s’est soudée – je l’espère – à jamais. Avec grande hâte, José et moi attendons Camille de pied ferme à l’aéroport de Ljubljana, et c’est avec un grand sourire aux lèvres que notre partenaire de choc nous retrouve, pour une virée de sept jours à travers la Slovénie et ses environs…

C’est notre premier jour à Ljubljana, et cela doit faire une semaine que je prie afin que le temps soit au beau fixe. En effet, à deux dans le camion aménagé, la pluie posait déjà problème, alors à trois… Bien évidemment, dès l’arrivée de Camille, il se met d’emblée à pleuvoir des cordes. Nous trouvons refuge dans un pub, prétendons agir en adultes organisés, et tentons d’établir le programme approximatif des jours à venir. Nous misons sur le beau temps, et comptons bien passer un maximum de temps à l’extérieur. Nous sommes alors bien optimistes! Cela ne nous empêche pas de visiter la charmante capitale slovène, son château, ses célèbres ponts (le triple ou Tromostovje, et celui des Dragons),  et ses magnifiques édifices religieux comme l’église franciscaine de l’Annonciation et celle des Ursulines de la Sainte Trinité.

Le château de Ljubljana sous la neige

Le château de Ljubljana sous la neige

Nous surveillons la météo et pensons qu’il fait meilleur temps à Zagreb, capitale de la Croatie. Nous prenons donc la route vers l’Est, et après la visite d’une usine abandonnée et une courte pause à Novo Mesto, nous quittons l’espace Schengen non sans mal. Une petite incompréhension avec nos amis douaniers nous vaut une fouille intégrale poussée. Quoi de mieux qu’un tel rapprochement physique pour fêter la Saint-Valentin? Il faut dire que notre équipe black-blanc-beur ne passe pas inaperçue, notamment dans les villages un peu reculés. Nous lisons l’amère déception sur le visage des gardes-frontière, condamnés à renoncer à nous épingler pour usage de stupéfiants. Premièrement, nous ne sommes pas consommateurs, et quand bien même nous l’aurions été, le van est tellement désordonné que c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Morale de l’histoire : voyager en van est un mode de vie à prendre avec humour!

Nous franchissons enfin le poste frontalier et atteignons Zagreb dans la soirée. Nous y passons un peu plus de vingt-quatre heures, sous une pluie battante qui ne nous laisse que peu de répit. Le souci n’est pas tant de prendre le risque de nous retrouver trempés, mais bien d’avoir l’occasion de nous réchauffer par la suite. Le van étant très humide lorsqu’il fait froid, nos vêtements mettent plusieurs jours à sécher, lorsqu’ils y parviennent… Nous apprécions donc tout particulièrement le coût de la vie relativement accessible, et ne quittons notre tanière que pour nous abriter dans (tous) les cafés du voisinage.

Nous apprenons que la météo serait finalement plus clémente sur la côte de la mer Adriatique, et décidons de nous y rendre sur le champ. Camille n’est là que quelques jours, et il serait dommage qu’elle ne puisse profiter un peu plus de ses congés bien mérités. Encore nous faut-il traverser le massif Gorjanci (en slovène) ou Žumberak (en croate), au Nord des Alpes Dinariques. Même en Suisse, nous n’avions connu une telle épopée. Nous sommes bien heureux d’apercevoir une déneigeuse arriver par hasard à notre rescousse, puis de la suivre au pas afin de dépasser le col en seconde, le tout de nuit et sans équipement pneumatique approprié, bien entendu.

Soulagés – et toujours en vie – nous débarquons en Istrie, la péninsule croate située au Nord-Ouest du pays. C’est dans la baie de Kvarner, dans les environs de Rijeka, que nous trouvons nos premiers et attendus rayons de soleil. Afin de fêter notre promenade au sec tant espérée au bord de l’eau, Camille décide de nous apprendre à faire du light painting, à la nuit tombée. Nos premiers essais sont brillants, comme vous pouvez le voir ci-dessous.

Premier essai de light painting : aussi moche qu'amusant!

Premier test de light painting : aussi moche qu’amusant…

Malgré nos essais dignes de parfaits débutants, cette soirée comptera parmi les plus beaux souvenirs de notre aventure à trois dans les Balkans. Un ciel scintillant d’étoiles et une brise aussi douce que la tempête fut forte, mes deux meilleurs amis et leurs éclats de rire résonnant sans fin : c’est entourée des plus beaux présents que la terre puisse offrir que je tente alors en vain de retenir le temps.

Nous goûtions cette même ferveur légère qu’au cœur d’une fête bien préparée. Et cependant, nous étions infiniment pauvres. Du vent, du sable, des étoiles. Un style dur pour trappistes. Mais sur cette nappe mal éclairée, six ou sept hommes qui ne possédaient plus rien au monde, sinon leurs souvenirs, se partageaient d’invisibles richesses.

Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes

Rijeka est à la hauteur de nos espérances et nous offre de jolies éclaircies, le temps d’apprécier les ambiances variées des différents quartiers. Nous faisons ensuite halte à Poreč, où nous nous serions attardés plus longuement si le déluge n’avait pas réapparu. Un peu plus au Nord de l’Istrie, mais côté slovène, se trouvent les villes maritimes de Piran et Koper, où nous séjournons après un passage de frontière étonnamment amical.

Accalmie sur la baie

Accalmie sur la baie de Kvarner…

Jour après jour, dans notre petit espace, nous commençons à retrouver nos repères à trois, et c’est nostalgiques que notre trio vit sa dernière étape, à Trieste, en Italie. Vous l’aurez deviné, il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors. Camille n’aura pas eu de chance, car nous sommes partis depuis plus d’un mois, et n’avons jusqu’alors connu que de brèves et rares averses.

Nous devons ensuite reprendre la route de Ljubljana afin de boucler la boucle. D’humeur joyeuse, nous décidons de fêter notre dernière soirée à trois comme il se doit. Sur la recommandation de bon nombre de slovènes, c’est en discothèque que nous terminons la nuit, entourés d’adolescents à peine pubères, qui se demandent – tout comme nous – ce que nous faisons là. Cela ne nous empêche pas de profiter de la soirée, même si nous prenons par la même occasion un sacré coup de vieux.

Étant donné que nous dormons dans le van, nous choisissons de passer la nuit au bord de la Ljubljanica, le fleuve qui traverse la ville. Quitte à être serrés, autant profiter du paysage! Nous sommes donc garés dans le quartier des ambassades, dont les maîtres des lieux semblent également apprécier la vue. L’un des ambassadeurs – dont je tairais par patriotisme la nationalité – nous réserve une belle surprise pour notre réveil : faire suivre le van par une brigade anti-terroriste slovène, puis nous interpeller avec gyrophares et sirènes. Un peu stupéfaits, nous présentons passeports et papiers du véhicules, et patientons le temps qu’une nouvelle fouille du van ait lieu. Cette fois, il n’est pas question de recherche de drogue, mais d’explosifs et d’armes, et mis à part un couteau suisse, la police reste bredouille. Euh… Ça, c’est une culotte sale… Vous permettez? C’est de cette façon que Camille termine son séjour haut en couleurs, et nous quitte après une semaine que nous ne sommes pas près d’oublier. Merci à elle pour tous ces bons moments vécus hors sentiers battus!

Petit déjeuner au bord de l'Adriatique

Petit déjeuner au bord de l’Adriatique

Quant à nous, nous prévoyons de bifurquer vers le Sud, et de voyager en Croatie quelques temps. Fatigués par ce froid et cette grisaille maussade, nous espérons toujours trouver un peu plus loin notre petit coin de paradis…

Enfin, pour aller plus loin, n’hésitez pas à retrouver mes autres récits de voyage, ainsi que tous les écrits relatant mon tour du monde, et mes conseils pour bien choisir son van aménagé !

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