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Sur la route, il y a des hauts et des bas, plus de hauts que de bas, fort heureusement. Habituellement, je prends plaisir à vous raconter mes aventures joyeuses, rocambolesques ou inattendues. Aujourd’hui, voici l’histoire de ma récente déception, ou rendez-vous manqué avec une Thaïlande dont je suis passée à côté.

À vouloir trop improviser, à tout décider à la dernière minute, ça n’a pas collé cette fois. Premier vrai désenchantement, qui ne sera que partie remise, je reste convaincue que ce magnifique pays a tout à offrir au visiteur qui s’en donne les moyens. En attendant, je file sur les routes cambodgiennes, espérant repartir du bon pied…

Welcome to Khao San Road :

Pad thai, bangkok

Pad thaï (nouilles sautées au soja)

Depuis Shanghai, je m’envole pour la capitale thaïlandaise sans trop savoir où je mets les pieds. J’atterris donc à Khao San Road, le quartier routard de la capitale.

De fil en aiguille, j’y séjourne dix jours puisque je fais un stage de Muay Thai à Bangkok (ou boxe thaïlandaise). Incroyable semaine, mêlant rencontres, apprentissage technique et effort physique. Le club se situant par hasard tout près de mon auberge de jeunesse, je ne trouve pas la motivation de faire mon sac à dos et de me déplacer dans un nouveau quartier.

Khao San Road se passe de mots : un enfer touristique, mélange de jeunes fêtards irrespectueux en overdose d’alcool et d’argent, sur un fond de mendiants éclopés de la vie – ou éclopés tout court.

Je ne suis donc pas mécontente de terminer chaque séance d’entraînement presque KO, car je n’ai définitivement pas choisi le bon endroit où loger. Aller hop! Un pad thaï et au lit!

Un incroyable concours de circonstances :

Coup d’état à Bangkok le 24 mai, je quitte alors la capitale et me mets au vert sur l’île de Koh Lanta, imaginant par la même occasion fuir ce tourisme de masse qui m’étouffe. La flamme se ravive enfin entre la Thaïlande et moi, et malgré mon décalage certain avec la dizaine de hippies post 68 qui m’entourent, les paysages sont à couper le souffle, et je suis presque toujours seule sur la plage.

Plage Koh Lanta, Thailande

L’une des plages de Koh Lanta

Épidémie de dengue à peine 48 heures plus tard, ma voisine de chambre est hospitalisée d’urgence. L’auberge de jeunesse ferme alors ses portes et je me retrouve dehors, perdue au fin fond de la Thaïlande, sur cette île quasi-déserte.

Mangeant mes dernières nouilles déshydratées sur la plage (budget oblige), je m’accorde une heure de réflexion, face à la mer, pour décider de la suite. J’hésite, je doute, je change d’avis, et j’imagine partir visiter le Nord du pays.

Un tremblement de terre vient d’y avoir lieu, détruisant pas la même occasion la ville de Chang Rai. Décidément les thaïlandais ne sont pas gâtés ces temps-ci. Le flot de touristes est parti à Chang Mai, une autre ville du Nord dont je n’ai entendu que du bien.

Et puis non, finalement, je réalise que je suis en Thaïlande depuis maintenant deux semaines, et qu’à part le Muay Thai je n’ai pas vibré comme je l’avais espéré. Un tapis rouge est sans cesse déroulé sous nos pieds de touristes, nous facilitant grandement la tâche, mais nous empêchant par la même occasion de nous perdre dans la vraie Thaïlande. J’aurais dû m’y prendre autrement. Je reviendrai probablement, et aborderai mon voyage sous un angle différent la prochaine fois. C’est drôle, je lisais d’ailleurs récemment un article de Flo de Make My Trip, qui avait eu exactement la même impression à ses débuts dans ce pays. Pourtant, et contrairement à moi, il a su redonner à son road trip en Thaïlande la petite flamme qui lui manquait. Je m’en inspirerai pour mon deuxième essai!

What about Cambodia?

Terminant mes nouilles aux crevettes, toussotant entre deux épices trop fortes, le Cambodge semble alors m’appeler, me soufflant à l’oreille qu’il est temps de passer à autre chose.

Je chasse les grains de sable fin de ma paire de tongs et décide de partir dans la foulée à Siem Reap, qui sera la première étape de mon voyage au Cambodge. Touristique, certes, mais impossible de passer à côté de ce site aux mille merveilles. Je serai loin de regretter cette décision par la suite.

Angkor, Siem Reap, Cambodge

Visite des temples d’Angkor

Encore faut-il arriver à bon port. Un minibus, deux ferrys, et un bus de nuit plus tard, j’arrive toute moite, et à 4h du matin, dans l’une des gares routières de banlieue de Bangkok. Le couvre-feu est de vigueur à cause du coup d’état, je suis un peu embêtée d’être dehors, d’autant plus qu’il me faut traverser toute la ville pour rejoindre l’autre gare d’où je pourrai partir pour le Cambodge.

C’est alors qu’il faut avoir foi en mon chauffeur de taxi, qui est loin d’inspirer confiance au premier abord. Aucune idée d’où il me conduit, et n’ayant pas fermé l’œil de la nuit, les pensées les plus noires défilent dans ma tête. Mon sac à dos sous un bras, je prends mon mal en patience, de toute façon je n’ai plus cinquante solutions. Au moins, j’aurais quitté le tapis rouge touristique (qui finalement, n’était pas si mal!).

Trente minutes plus tard, je respire : mon conducteur n’est ni un pervers en puissance, ni un voleur récidiviste, et j’arrive dans la seconde gare routière vers 5h du matin, en toute sécurité. Pfffiou! Je suis parano moi parfois! J’attends mon bus trois heures, le temps de compter les cafards pour trouver le sommeil… ou non du coup.

Un passage de frontière qui aurait pu être pire, huit heures de bus et dix minutes de tuk-tuk plus tard, j’arrive dans une auberge de jeunesse qui facture les nuits à 1,80€. À ce prix-là, je ne vais pas faire la fine bouche! Et puis à vingt dans la chambre, je ne risque pas de m’ennuyer. Me voilà donc au Cambodge, après une trentaine d’heures de transport porte à porte

Cambodge : le faux teaser

Lever de soleil sur Angkor, Siem Reap, Cambodge

Lever de soleil sur Angkor, Siem Reap

Trois heures de sommeil après ma dernière nuit blanche, et c’est reparti : accompagnée d’Annisha, une jeune anglaise rencontrée durant le trajet, je me lève à 4h et pars admirer Angkor Wat, qui deviendra mon premier grand amour cambodgien. Je vous en dirai bien davantage, mais je cherche encore mes mots pour décrire ce temple à la beauté sans limites.

De retour à l’auberge, je songe aux jours à venir : après mon échec émotionnel thaïlandais, hors de question de passer à côté du Cambodge.

Je m’imagine alors à moto, sur des routes de campagne, mon sac ficelé à l’arrière et mes cheveux au vent. Je rêve de sortir des sentiers battus, et ce plan sonne bien… Je regarde un peu sur Internet, ça a l’air largement faisable. Je me renseigne sur les locations de motos, planifie un pseudo itinéraire, et souris bêtement, déjà rêveuse.

Puis je me rends compte que je ne sais pas du tout conduire une moto, ça ne m’était même pas venu à l’esprit plus tôt. Je pourrais toujours apprendre, mais pour une première fois je ne vais pas m’aventurer plusieurs semaines sur des routes incertaines.

Vers l’Est…

En auto-stop. J’irai en auto-stop. Vers l’est : le Mékong et les provinces de Ratanakiri et Mondulkiri. Finis les sentiers battus, piétinés presque. J’ai besoin d’air frais, de nature, et de rencontres vraies.

Bateau Thaïlande

Environs de Krabi, Thaïlande

Le stop tombe sous le sens, je ne suis entourée que d’occidentaux depuis deux semaines, et aussi charmants soient-ils, ils ne m’ont pas appris beaucoup de choses sur les cultures thaïe et khmère. J’ai encore du mal à croire que j’ai oublié l’espace de quelques jours mes premières motivations, l’essence-même de mon aventure.

La fatigue, le besoin de repos, la précipitation, le manque d’information peut-être, ma faute en tout cas, personne d’autre à blâmer. Je ne commettrai pas cette erreur deux fois. D’ailleurs, je reviendrai ici trois ans plus tard, et j’aurai la chance d’y effectuer un voyage alternatif totalement différent de celui-ci, me déplaçant alors en auto-stop à travers la Thaïlande.

Peu motivée à l’idée de transporter mon sac de dix kilos de camions en pickups, je tranche. Je vide tout sur un banc, et fais deux tas : je garde, ou je renvoie en France. Une heure plus tard, mon sac a perdu quatre kilos. Ainsi dégonflé, la fermeture éclair totalement cassée passe presque inaperçue.

Me voilà donc fin prête, il ne me reste plus qu’à récupérer mon passeport parti visiter Phnom Penh sans moi, accessoirement pour récupérer mon visa vietnamien en vue de mon arrivée prochaine en auto-stop au Vietnam du Sud.

J’ai l’agréable sensation de vivre un nouveau départ. Une autre aventure commence pour moi dans quelques heures, et c’est remotivée que je m’apprête à aller à la découverte du Cambodge, et surtout à la rencontre des cambodgiens.

La route m’appelle : cap sur l’est!

Join the discussion 9 Comments

  • Aie aie aie, c’est vrai que le destin s’est un peu acharné contre toi en Thaïlande. Tu as su rebondir en beauté et donner un autre sens à ton voyage. Je ne doute pas qu’un jour tu te réconcilies avec la Thaïlande 😉

    Merci pour ton lien et bon futur trip 😉

  • Tugdual@visa_pour dit :

    Je découvre ton blog aujourd’hui à travers cet article et je culpabilise déjà à l’idée du temps que je vais passer à le lire plutôt qu’à travailler…
    Khao San Road est un véritable enfer dans une ville qui pourtant a beaucoup à offrir. Cela arrive de passer à côté de son voyage pour une raison comme une autre. Tu reviendras. Et tu changeras probablement d’avis.
    À l’inverse, je n’avais pas vraiment été convaincu par ma première fois à Siem Reap où j’étais comme toi pour la Thaïlande, passé à côté de quelque chose. Ce weekend j’y retourne pour la 4ème fois et je sais que je vais passer un super moment, car depuis je me suis bien réconcilié avec Siem Reap, du moment que je sais éviter les hippies des temps modernes comme tu le dis si bien et la viande saoule ado.
    Au plaisir de te lire.

    • Haha c’est gentil 🙂 Tu as parfaitement raison… Je pense y retourner un jour, en m’y prenant autrement, et en ne passant pas à côté de ce que ce beau pays a à offrir cette fois… Wahou quatre fois à Siem Reap, t’as vraiment accroché finalement! Contente pour toi! Enjoy 🙂

  • Comme quoi les avis divergent! J’espère y retourner pour tenter d’apprécier d’autres endroits… Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis paraît-il 🙂

  • Salut Astrid,
    Comme je te comprends : Khao San Road m’a horrifiée ! C’était la deuxième fois que j’allais en Thaïlande, j’en avais gardé un beau souvenir (j’avais 13 ans et j’allais à un rassemblement mondial du scoutisme) et j’avais un bon a priori sur ce pays. Forcément j’ai eu du mal à réconcilier tout ça lors de mon deuxième séjour… qui survenait quelques jours après le coup d’état, ambiance étonnante car on faisait tout pour que les touristes continuent de séjourner et de dépenser !
    Comme tu le dis : j’aurais du m’y prendre autrement !

  • Julie dit :

    C’est drôle, mon expérience de la Thaïlande a été totalement différente. Peut-être justement parce que je m’attendais à un pays hyper-touristique, dans lequel je ne voulais absolument pas rester pendant mon tour du monde. Et finalement, contre toute attente, je suis tombée sous le charme. Je n’étais ni à Kao San Road ni dans le Sud, c’est peut-être la raison (après, j’ai adoré Ayyuthaya et on ne peut pas dire que ça soit la destination la moins touristique qui soit). Mais c’est un pays où j’imagine revenir très vite pour en découvrir plus.

  • Papi dit :

    ouah ! quelle aventure … pas de chance ma grande
    j’espère que tu vas te rattraper au Cambodge
    Vi pense bien à toi
    bonne continuation ma Rouma, mais ne vide pas complètement ton sac…
    grosses bises de ton Papi

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