Panier

J’avais envie de partir loin, et je croyais tout savoir de la liberté. J’en avais appris les multiples définitions, depuis l’école primaire jusqu’à l’université. J’imaginais que ce concept n’était qu’une opposition à l’oppression. J’imaginais qu’on pouvait naître libre ou non, ça n’allait pas plus loin. Faire le tour du monde m’a ouvert un champ bien plus large : la liberté, la vraie, s’acquiert comme on cueillerait des framboises bien mûres sur des buissons sauvages.

Trop cher, trop dangereux, trop difficile, trop loin, trop utopiste… Combien d’adjectifs semés au vent tentent de remettre en question notre liberté d’aller, de grandir, de vibrer. Ces petits mots qui semblent au premier abord insignifiants, vous rappellent habilement que la société dans laquelle nous vivons laisse difficilement place aux rêves…

envie de partir loin

Canyon de Skazka, Kirghizistan

Il n’est pas raisonnable d’utiliser notre temps, si précieux, à découvrir le monde. Même si notre envie de partir loin est forte, mieux vaut préparer notre retraite car avec un peu de chance, nous pourrons éventuellement en profiter un jour lointain. Il n’est pas non plus logique de prendre goût à voyager sans argent, dormant dans des champs, dans des gares, ou sur des canapés : rien ne vaut un bon lit, car pour toute personne qui se respecte, le confort est un luxe qu’on ne peut mettre de côté. De même, il n’est pas sûr de faire confiance si rapidement en de parfaits étrangers car on ne sait jamais, avec tous ces fous qui peuplent le monde, mieux vaut rester méfiant.

Mais la vérité est peut-être qu’il n’est pas bon de se laisser prendre à rêver, non, en fait cela fait peur, les rêves, ça se brise aussi, prendre le risque de tomber de haut alors qu’il est possible de laisser nos vies telles quelles serait un pari trop aléatoire.

Pourtant, la liberté ne s’abreuve-t-elle pas des rêves que l’on peut avoir ? Il ne s’agit pas de les réaliser, il s’agit d’y croire, de se laisser prendre au jeu, d’oser ne serait-ce qu’y penser.

envie de partir loin et ne jamais revenir

Etosha National Park, Namibie

Moi qui avais envie de partir loin, il m’aura fallu parcourir plusieurs dizaines de milliers de kilomètres pour me rendre compte de la profondeur du carcan qui me confinait jusqu’alors. La liberté acquise lorsque l’on se met à prendre la route n’est en rien comparable à ce concept si terne que je croyais comprendre. C’est tout le contraire : être libre, c’est accepter de l’être, tout simplement. C’est choisir la vie à la résignation. C’est décider de son propre chemin, et non plus marcher sur celui qui balise sévèrement la voie qu’il faut suivre.

Allez au travail, mariez-vous, faites des enfants, payez vos factures, regardez la télévision, suivez la mode, agissez normalement, obéissez à la loi, et répétez après moi : je suis libre.

The Anonymous

envie de partir loin

El Chalten, Argentine

Tu as faim ? Trouve à manger. Tu es fatigué ? Trouve où dormir. Tu as envie de partir loin ? Trouve comment. Tu aimes ou tu n’aimes pas ? Décide de ton temps.

Quelles grandes leçons de vie nous procure la route. Quelle renaissance d’apprendre à vivre autrement, en dépossédant l’argent de sa valeur. Quelles belles rencontres nous font chavirer et peuvent tout faire basculer. Quelles extraordinaires possibilités nous offre le monde.

Excitation, adrénaline, sentiments. Instinct, décisions, remise en question. Imprévus, aléatoire, destinée. L’envie de partir loin, c’est l’envie d’être libre, et ces théories issues de ces interminables cours de philo n’étaient peut-être qu’illusions.

envie de partir loin

Petit selfie depuis Zhangye Danxia, en Chine / Crédits @José Couprie

Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez-vous également envie de partir loin ? Je vous souhaite de sauter le pas et de sauter sur l’occasion. De sauter de voitures en camions. De sauter des repas, mais de sauter de joie devant le premier aperçu du désert, d’Angkor Wat, ou encore du Taj Mahal…

Enfin, je vous invite à découvrir le récit de mon voyage initiatique, ainsi que les autres textes relatant ma vie nomade et l’intégralité de mes récits de voyage !

Join the discussion 17 Comments

  • Victor dit :

    Bonjour Astrid,
    Ton article est d’une valeur métaphysique inestimable. J’ai parcouru tous les articles sur ton blog et j’ai pour ainsi dire appris à comprendre mes propres pensées concernant cette philosophe de vie, qui est une vie. Je passe 8 heures par jour au bureau assis face à une écran. Cela fait bien trop longtemps qu’un sens quelconque à cette vie-là a disparu et à vrai dire, mentalement, je suis intégralement vidé. Je reviens chaque jour sur ton blog pour faire réjouir mon cerveau avec tes histoires (merveilleusement écrites d’ailleurs). Je voulais juste te dire que ça ne durera plus longtemps, l’heure où je décide de reprendre la vie en main et quittez cet écran et commencer à aborder la route. Peut être qu’on se croisera. Merci pour tout.

  • Antoine G dit :

    C’est marrant, j’ai rarement eu autant de leçon de liberté vécue que par ton site. Tu es mon leader, mon poisson pilote. Rassure toi je suis végétalien maintenant 🙂 Ton freegan m’attire, cette idée de vivre gratuitement. Tu as éclairci mon esprit en ceci de l’importance d’accepter de recevoir, alors le monde est bon. On dit toujours « donner, donner ». Certes mais aussi avoir ce débordement d’amour que la gratitude vous communique. Alors fatalement vous le redonnerez et ça ne peut se comptabiliser. Être un bon Chrétien ou autre ne passe-t-il pas d’abord par se rendre compte que la vie est un miracle, pas le penser, le vivre et ça change tout. Déchétarien, le monde t’appartient! Mais j’en suis qu’à un petit niveau, issu et encore dans la cage d’une famille modèle où ne pas s’autoriser à être libre est érigé en philosophie en art de vivre. Là je clavarde depuis la grande maison de mes vieux parents dont la plénitude est idéale. Mais à la condition que je sois inexistant, en fait malade sous calmant dernier maillon de la chaine du refoulement. Tu es l’oiseau qui vole sans effort au dela des barreaux de la fenêtre. Antoine libre dans sa tête mais bien vivant à étudier sans relâche ses plans d’évasion comme nombre de tes lecteurs chacun à son niveau,j’imagine. On peut s’évader aussi par la lecture. Je connais un mendiant qui a sa cabane en foret de Fontainebleau dans un coin peut fréquenté et à qui les gens donnent pléthore de nourriture à la sortie de l’épicerie. Il a très souvent le sourire plus je crois pouvoir dire que les petits chefs préoccupés par le gain que leur rapporte leur boulot et qui font la gueule toute la journée. C’est ce que j’observe chez certains plus ou moins marginaux d’apparence, évadés de la matrice, une part parfois grande de liberté. Pardon encore pour la longueur.

  • Céline dit :

    Semi-sédentaire, voyageuse ici et là, c’est cette envie de liberté qui m’incite à lever le pouce aux bords des routes, à planter ma tente dans un champs de fleurs sauvages, à renoncer à visiter une ville car un inconnu m’a proposé de l’accompagner à l’autre bout de la carte …

    Malgré la liberté que je connais, que je vis en tant que baroudeuse, semi-sédentaire, j’ai décidé d’écouter mon coeur et de prendre la route, de troquer mes quelques mois d’enracinement ici et là pour devenir nomade.
    Dans quelques mois je serai sur les chemins de Patagonie, face à des paysages à couper le souffle, peut-être à maudire les conducteurs qui me laisseront attendre des heures sous la pluie, le pouce ne l’air, le coeur battant au rythme du bonheur qu’accompagne la liberté, liberté chérie, liberté choisie …

    Merci pour ton article et bonne continuation dans votre coloc-mobile !

    • Salut Céline! Cools tes quelques mots 🙂 Je te souhaite le meilleur pour ton voyage en Patagonie, j’y ai également voyagé en stop et n’ai pas connu de grandes galères, donc je ne m’en fais pas pour toi! Bon vent, thumb up! 🙂

  • Claire dit :

    Whaou, j’adore ton article, merci. C’est ce que j’ai ressenti sur les routes il y a quelques années, dormir dans la nature, aller ici et là. Je lâche à nouveau tout et je décide de devenir nomade et libre ! 🙂 Merci encore pour ton article très inspirant.

  • Rachel Magnon dit :

    Waouw. La claque. Je viens de lire tous les « meilleurs articles » et c’est juste parfait. Tous tes mots résonnent en moi et sont à mes yeux parfaitement choisis. J’ai pleuré a chaque fois. Je suis actuellement en voyage aussi, mais c’est juste le début. Seulement un mois et demi. J’ai tout juste parcourue un morceau de Colombie. Mais je commence à ressentir toutes ces choses que tu décris. La nostalgie, la larme facile, ce sentiment de chance et de liberté. Pwouaw. Merci pour ces beaux moments en tout cas. Et bonne continuation =) Au plaisir de peut être se croiser sur les routes .. Besos.

    • Salut Rachel,

      Oula je ne souhaite faire pleurer personne moi hihi 🙂 C’est super que tu sois sur la route, et que tu puisses commencer à te laisser bercer par ses méandres, ils sont nombreux, inattendus, et bien souvent magiques… Merci pour ton gentil commentaire en tout cas, bonne route à toi, et oui avec plaisir, à quand tu veux sur la route!

  • Thierry dit :

    Une grande, vraie et pure claque dans la figure. Merci! Ça remet quelques idées en place… Je découvre au fil de tes textes que tu possèdes au moins une chose : une belle plume. Et ça tombe bien parce que écrire, autant que l’on puisse vivre, sans fausses contraintes c’est aussi une sacré liberté et qui sait, une liberté sacrée… Nos pensées veganes t’accompagnent sur tes chemins!

  • Bonjour Astrid. Quelles magnifiques photos *.*
    J’avoue ne pas me sentir aussi libre que toi… et tout ça, c’est probablement juste dans ma tête. Pas prête à accepter cette liberté sûrement.
    Tout ce que tu dis, c’est probablement la raison pour laquelle on rêve tous tant de voyages (même des voyages courts!). On rêve de cette liberté sans oser franchir le pas, sans la saisir pour un long moment 🙂

  • LaurenceV dit :

    Continuer envers et contre tous à croire en ses rêves… Peu importe qu’ils se réalisent ou pas, marcher toujours vers eux… Merci pour cet article qui exprime si bien mon obstination à ne pas lâcher l’affaire et à ne pas me résigner… Voyager c’est être libre et refuser de se laisser enfermer… Ah, je ne saurais pas mieux dire que toi !

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