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Des frontières, j’en ai passé plus d’une centaine, entre les pays que je découvre pour la première fois, ceux où je voyage à nouveau, et ceux où je fais des allers-retours durant mon tour du monde.

Terrestres, maritimes, aériennes : quelles qu’elles soient, mieux vaut être bien préparé, afin que les formalités se déroulent rapidement, et sans stress. Voici quelques conseils, tous issus de mon expérience, qui j’espère vous aideront à voyager en toute sérénité…

Conseils généraux :

Tout d’abord, rassurez-vous. Passer une frontière est la plupart du temps un jeu d’enfant, si vous respectez les quelques recommandations de base. Les voici :

Conseils pour passer les frontières :

À faire :

  • Soyez en règle avec les législations des deux pays concernés
  • Cela sous-entend d’avoir lu les recommandations du ministère des affaires étrangères au préalable
  • Ayez au moins deux pages vierges dans votre passeport (hors U.E.)
  • Ayez un passeport valable encore six mois minimum
  • Ayez un passeport en bon état, sans aucune rature ni déchirure
  • Ayez votre carnet de vaccination international contre la fièvre jaune (carnet jaune, certains pays uniquement, cf. site du ministère des affaires étrangères)
  • Conservez une copie de tous vos documents d’identité, visas compris
  • Soyez détendus, souriants, patients, polis, et sûrs de vous (oui, tout ça en même temps, même si ça fait quatre heures que vous attendez dehors)
  • Surveillez votre sac en toutes circonstances (je dis bien en toutes circonstances, allez aux toilettes avec s’il le faut)
  • Ayez une adresse à donner au cas où l’on vous demanderait où vous allez loger, cela arrive très souvent (celle du premier hôtel qu’affiche Google fera parfaitement l’affaire, même si vous n’avez aucune réservation)
  • Imprimez votre billet de sortie du territoire, et vos relevés bancaires (pour certains pays uniquement, dont USA, vos relevés indiquant bien sûr que vous avez de quoi subvenir à vos besoins, si vous êtes à découvert, ben… laissez tomber, et désolée pour vous!)
  • Ayez toujours quelques dizaines de dollars américains ou d’euros cachés sur vous (ça ne vous servira probablement pas, jusqu’au jour où ça vous sauvera : j’en ai vu pleurer plus d’un, des jeunes touristes aux frontières, ne sachant pas qu’il fallait payer un visa!?!)
  • Si possible, ne passez pas de frontières la nuit
  • Évitez aussi de passer des frontières à pied
  • Ayez une attitude décente, retirez votre casquette, soyez présentable, votre interlocuteur vous jugera en premier lieu sur votre apparence, c’est triste, mais c’est comme ça
  • Déclarez aux douanes vos valeurs conformément à la réglementation locale
  • Si vous possédez un pc, un smartphone, une tablette, même une guitare, prouvez que ce n’est pas un nouvel achat (n’ayez pas encore l’emballage, ou ayez une vieille facture qui montre que vous l’avez acheté en France)

À ne pas faire :

  • Une bonne vieille blague pour détendre l’atmosphère
  • Mentir : sachez que lorsque que l’on vous pose une question, votre interlocuteur connaît souvent déjà la réponse, les données informatiques, c’est fait pour ça
  • Vous contredire : une incohérence flagrante dans votre discours signera probablement votre interdiction d’entrer dans le pays
  • Vous croire plus malin que le garde-frontière : au final, il aura toujours le dernier mot, et toc!
  • Prendre des photos
  • Téléphoner, ou avoir votre téléphone en main
  • Porter en évidence des objets de valeur, notamment aux frontières terrestres (montres, bijoux, caméras…)
  • Accepter de porter un colis ou un bagage pour aider quelqu’un, même si c’est une femme, même si elle a un bébé, et même si elle a une très bonne raison
  • Avoir du contenu interdit dans votre bagages : selon les pays, limitation de cigarettes et d’alcool, importation de médicaments plus ou moins réglementée, interdiction de toute pornographie (même les photos de charme entre vous et votre Choubidou…), contrôle de tous fruits, légumes, viandes et laitages, etc…
  • Utiliser un passeport déclaré perdu ou volé dans votre préfecture (il est automatiquement enregistré dans les fichiers d’Interpol)

Les frontières aériennes :

avion USA

Survol du grand ouest américain

Les frontières aériennes sont plus simples à passer. Du moins plus franches : peu ou pas de corruption, on vous laissera entrer ou on vous refusera, c’est aussi simple que ça. Au moins, vous serez fixés rapidement. Si vous êtes en règle et si vous avez appliqué les conseils précédents, aucun souci à vous faire. J’ai toujours passé les frontières aériennes très facilement, et avec le sourire du garde-frontière en prime, enfin la plupart du temps…

J’ai tout de même eu deux soucis, à chaque fois aux États-Unis. J’écrirai prochainement un article détaillé expliquant les formalités à accomplir pour un simple ESTA comme pour une demande de visa, ayant testé les deux. Les américains, sachez-le, prennent très au sérieux l’étanchéité de leurs frontières. Je vous l’affirme, quand on vous confisque votre passeport, quand un homme bourru (et surpuissant à vos yeux) y appose un énorme tampon rouge à surveiller, et quand vous attendez votre tour dans une salle qui ressemble à la cour des miracles, ça fait un drôle d’effet, surtout si vous êtes en règle.

Tout s’arrange avec un peu de diplomatie, d’assurance, de patience, et de clarté dans le discours. N’attendez aucune excuse pour le retard ou le dérangement, même si vous avez loupé votre vol. Soyez juste clément qu’on vous ait laissé passer, ça fonctionne comme ça.

statue liberté

La statue de la liberté, NYC

Toujours aux États-Unis, dans cette petite salle inquiétante et mystérieuse à la fois, je suis tombée sur cette jeune française, en larmes, qui ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Elle avait son ESTA, et était donc en règle. Elle ne parlait pas un mot d’anglais et ne pouvait donc pas défendre sa cause. J’ai eu un peu pitié ce jour-là, et je me suis dit que pour toutes les fois où l’on m’avait aidée, il fallait que je l’aide à traduire ce qui se passait. De plus, j’étais probablement la seule à parler français.

J’ai donc traduit, et modifié ses réponses par la même occasion, en lui disant discrètement en français qu’elle ne rentrerait jamais avec un discours comme ça. Elle avait plutôt confiance en moi, et de toute façon  pas vraiment d’autre choix. On discute bien une demi-heure, c’est long trente minutes dans ces conditions. De justesse, on la laisse entrer aux États-Unis. La fille me tombe à moitié dans les bras, me demandant quoi faire pour me remercier. Simple : « Le jour où tu rencontreras un voyageur qui a un problème, souviens-toi d’aujourd’hui, et si tu peux l’aider, aide-le. » Elle sourit, m’en fait la promesse, et s’en va.

L’objet de ce paragraphe était censé vous rassurer sur les frontières aériennes, ce qui, je me rends compte, ne transparaît pas vraiment dans les lignes précédentes. La plupart du temps, croyez-moi, le garde-frontière m’a à peine jeté un regard, a apposé son tapon d’entrée, et l’affaire était réglée. Retenez donc seulement qu’avec de la patience et un discours cohérent, tout s’arrange, même si cela prend parfois du temps.

Les frontières terrestres et maritimes :

demarcation line

Zone de maintien de la paix entre les deux Corée

La grande différence entre un franchissement de frontière aérien et un passage terrestre ou maritime, est que dans ce dernier cas les règles sont plus floues, plus aléatoires, dépendant uniquement de la bonne volonté de votre interlocuteur. C’est essentiel à comprendre avant de vous lancer tête baissée, et sûr de votre bon droit. Diplomatie, contrôle de soi, patience, respect, humilité, connaissance de la législation en vigueur, et pourquoi pas quelques mots en langue locale : soyez préparés, et soyez malins.

Si vous possédez un véhicule, assurez-vous au préalable d’avoir les papiers nécessaires vous permettant d’entrer sur le nouveau territoire. Il en est de même pour tout animal de compagnie.

Sachez également que certains postes de frontières ferment pendant la nuit, et que d’autres sont tout simplement interdits aux étrangers. Vous trouverez toutes les listes, encore une fois, sur le site du gouvernement (si vous n’y jetez pas un œil, vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenus!).

DMZ Corée

DMZ, ou zone démilitarisée (frontière entre les deux Corée)

Bien que ce soit loin d’être systématique, il y a de plus fortes chances que l’on fouille votre sac ou qu’on le passe aux rayons X, lorsque vous voyagez par voie terrestre. Et ce même devant une foule de voyageurs, qui regarde d’un œil indiscret toute votre collection de petites culottes. C’est le genre de situation qui vous arrive une première fois et qui vous met bien mal à l’aise, puis vous ne transportez plus que des objets et vêtements dont vous n’avez que faire, s’ils sont étalés sur la place publique… Autant que vous le sachiez dès maintenant non?

Enfin, lorsque je passe une frontière terrestre ou maritime, j’essaie toujours d’être accompagnée par quelqu’un. Un voyageur qui se trouve dans mon bus, un touriste qui attend au guichet… C’est toujours plus sympa, et c’est aussi plus facile pour comprendre où aller, ce que l’on nous dit, et ce qu’il faut faire. Si vous choisissez par mégarde un trafiquant de drogue ou un récidiviste en cavale, alors, ce n’est vraiment pas votre jour de chance.

Des frontières plus difficiles :

planisphère drapeauxComme partout, normalement, si vous appliquez ces quelques règles élémentaires, tout se passera bien pour vous.

Sachez qu’en Afrique, sûrement plus qu’ailleurs, tout peut prendre du temps, soyez donc encore plus détendus et patients. C’est comme ça, et il faudra bien vous y faire.

La corruption est aussi de rigueur un peu partout, l’Afrique est loin d’avoir le monopole sur le sujet. Penser que l’on peut ne pas être en règle car ici tout s’achète n’est pas tout à fait vrai. Pas tout à fait faux non plus. À vous de voir, à vous de prendre le risque, et à vous de juger si vous souhaitez soutenir un système déjà gangréné par la corruption ou non. Si vous êtes en règle, attendez-vous tout de même à ce que l’on vous demande un petit « coup de pouce » de temps en temps. Refusez poliment si possible, cédez si vous n’avez pas d’autre choix, vous n’allez pas dormir là, si?

Il faut aussi avoir à l’esprit que les frontières sont un lieu où toutes les populations sont brassées. Aux frontières des pays en crise, des centaines de personnes déplacées, demandant asile et transportant leurs dernières richesses sur le dos, s’entassent et tentent leur chance, celle d’un avenir meilleur, du moins différent. Il faut alors bien comprendre que ces personnes n’ont plus grand chose à perdre, et qu’en nous voyant, touristes, avec notre gros sac à dos sur l’épaule, les esprits peuvent vite se mettre en ébullition. Vous en déduirez ce que bon vous semble.

DMZ Corée

Messages d’espoir, frontière Nord-Coréenne

Je me suis rendue il y a quelques années à la frontière entre Rwanda et le Congo. J’ai été marquée à vie par ce défilé incessant d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards, qui laissaient alors derrière eux toute une vie pour repartir à zéro. Il y a quelques mois, j’ai été dans la zone de démilitarisation entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Cette fois encore, les messages d’espoirs flottant au vent, laissés par ces familles déchirées depuis si longtemps, ne m’ont pas laissée indifférente. Une frontière, ce n’est pas qu’un tampon qui fait joli sur notre passeport. Nous sommes français, nous sommes libres de nos mouvements et avons de la chance de voyager comme bon nous semble, et d’être nés bien loin de toutes ces souffrances. Dans de nombreux pays, passer ces frontières sonne comme un rappel à la réalité. Nous voyageons. D’autres abandonnent leurs vies passées.

Dans les pays en développement, et plus particulièrement dans les pays qui connaissent une crise politique ou sanitaire, attendez-vous à donc être émotionnellement secoués lors des passages de frontières. Ce serait mentir que de vous dire qu’on peut toujours franchir ces dernières en sifflotant. Vous serez remués, choqués, tristes, et probablement marqués à jamais. N’est-ce pas aussi cela, voyager : se confronter au monde?

Ce moment épique :

where is my passeportJe finis sur une note plus joyeuse. On ne peut évidemment pas toujours tout programmer, arriver en pleine journée, et avec tous les papiers nécessaires, notamment pendant un tour du monde.

Parfois, il y a quelques loupés, qui peuvent s’arranger (comme dernièrement, durant mon voyage au Lesotho en mode routard).

Une vieille histoire me vient à l’esprit alors que j’écris ces quelques lignes : voici une anecdote vécue il y a quelques années en Mauritanie, que j’ai envie de partager avec vous.

J’arrive du Sénégal en pirogue, au poste de Rosso, et je viens de me faire refouler à la frontière mauritanienne. Moi, j’ai bien l’intention de retourner à Nouakchott, et aujourd’hui si possible. Il est 10h du matin, et j’appelle mes amis mauritaniens pour les prévenir que les choses se compliquent un peu pour moi.

Les gardes-frontière me demandent de payer une grosse somme d’argent, que, premièrement je n’ai pas, et qui de toute façon est bien trop surévaluée. Avec le sourire, un profond respect légèrement théâtralisé et une patience que je ne pensais pas avoir, j’attends donc, que le chef du bloc cède et tamponne mon passeport, qu’il a d’ailleurs confisqué.

L’espace est totalement clos, avec d’un côté le fleuve, de l’autre des barbelés et des gardes armés. Je suis dans une sorte d’enclos, où au moins, il ne risque pas de m’arriver grand chose. On discute, on négocie, on se cherche gentiment, jusqu’à 17h environ, l’heure où le poste doit fermer.

Là, je commence à me dire que je suis bien partie pour passer la nuit ici. Mes amis ne m’ont toutefois pas oubliée. Les africains ont un sens aigu de la solidarité. Mon appel de ce matin a déclenché toute une série de coups de téléphones, du cousin de mon ami au frère du cousin, de l’ami du frère du cousin au cousin d’un autre ami, enfin je n’ai pas tout suivi, jusqu’à quelqu’un qui connaît le chef du poste de Rosso. Ce dernier interlocuteur (aucune idée de qui est cet homme) annonce alors très sérieusement au militaire en chef : « Mais je la connais cette toubab! Laisse la donc passer c’est une très bonne amie. Allez mon frère, fais ça pour moi! »

Le chef tamponne immédiatement mon passeport, se confond en excuses devant mes yeux ébahis, et j’entre en Mauritanie, sans trop comprendre qui m’a sortie de cette situation un peu bancale…

Pour finir, je le redis, rassurez-vous. Sur une centaine de frontières traversées, je pense n’avoir eu que cinq ou six problèmes. Il y a quelques temps, j’ai même pris un avion avec une carte d’identité périmée (dans l’espace Schengen nos cartes nationales sont encore valides quelques temps après leur date d’expiration).

En cas d’accroc, soyez philosophes, dites-vous bien que cela fait partie du jeu, que le voyage se doit de ne pas être trop fade, sans quoi il perdrait toute saveur.

Dans le pire des cas, vous irez ailleurs, et ça sera tout aussi bien, même si ce n’était pas prévu. Pour ma part, cela ne m’est jamais arrivé de changer mes plans, et il n’y a aucune de raison que cela vous arrive, si vous êtes préparés correctement. Enfin, si l’on peut parfois trouver embêtant le fait de se confronter à des gardes-frontière peu coopérants, le fait de nous rappeler l’étanchéité de nos propres frontières aide à relativiser…

Et vous ? Un témoignage à apporter sur le passage de certaines frontières ? N’hésitez pas à partager votre expérience dans les commentaires ci-dessous ! Enfin, pour aller plus loin, je vous invite à retrouver tous mes conseils aux voyageurs, avec notamment mon guide de voyage pour les femmes ainsi que l’intégralité des articles de mon blog voyage

Join the discussion 13 Comments

  • Manu dit :

    Je déteste passer les frontières. On est toujours dépendant de l’aléatoire et de l’arbitraire. En général ça se passe bien mais quand tu tombes sur une tête de con qui prend plaisir à t’emmerder ou parce qu’il veut son backchich, ça m’horripile au plus au point. Stress, perte de temps, d’énergie parce que soumis au bon vouloir d’une personne plus ou moins bien intentionnée.

  • Sarah dit :

    Super article ! Plein d’infos et bien écrit ! Il me sera super utile, je partage 🙂

  • Laura dit :

    Merci pour cet article très complet et superbement illustré d’anecdote. Je me reconnais tout à fait dans ce que tu décris. La patience et faire profil bas sont essentiels. Et ce n’est pas toujours évident lorsque tu tentes de déjouer la corruption ou certaines arnaques bien caractéristiques des frontières.
    En tout les cas, les frontières offrent toujours des histoires, joyeuses, insolites ou dramatiques.

  • TOTY jean-charles dit :

    merci pour ces infos

  • Papi dit :

    bravo ma Rouma ! que de bons conseils… et c’est du vécu
    tu ferais une excellente hôtesse dans une agence de voyage
    demain je dois sortir de Sologne pour rentrer dans le Berry, je penserai à toi en traversant le Cher, l’ancienne ligne de démarcation… (!)
    gros bisous de ton Papi

  • Fanfan dit :

    Merci Astrid pour tous ces détails qui peuvent éviter le pire!!!! Bonne continuation et tous vos articles sont toujours très intéressants. A bientôt Bisous Fanfan

  • Bonjour Astrid,
    Ton article me semble faire un tour d’horizon plutôt complet et rassurant sur cette étape parfois impressionnante du voyage !
    J’ai vite noté comme toi l’importance d’être poli, souriant, patient et simple dans ses explications. Mon compagnon Benjamin, avec son passeport chilien, est très régulièrement interrogé de façon plus poussée. Il lui arrive souvent de devoir patienter pendant que l’agent des douanes vérifie les requis pour un visa… voire l’authenticité du visa qu’il présente ! C’est parfois agaçant mais il reste toujours aussi calme et détendu : je vois bien à quel point ça lui facilite les choses.

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