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De retour de voyage après un an sur les routes du monde : Orleans city, here I am!

Des sentiments étranges se mêlent, et entre excitation de retrouver mes proches et nostalgie d’avoir stoppé l’aventure, mon cœur balance.

Après un peu de repos bien mérité et quelques semaines de recul, voici un aperçu de mon état d’esprit, encore un peu dans les nuages.

Revenue dans la vraie vie :

J’ai bouclé l’itinéraire de mon tour du monde en passant une semaine dans un entrepôt désaffecté, à Bracciano, en Italie. De là, je suis rentrée en auto-stop depuis l’Italie jusqu’à Orléans, juste à temps pour les fêtes de Noël.

The last factory, bracciano, italie

The last factory, Bracciano, Italie

Gros choc.

De la poussière et des graffitis à la douceur d’une chambre toute propre,

d’une température négative la nuit à celle d’une bonne couette bien chaude,

de l’eau gelée du lac à une baignoire remplie de mousse,

du café instantané froid au café filtre chaud,

du glanage alimentaire urbain au repas du réveillon,

de la lessive express à la main au doux ronronnement de la machine à laver,

du rhooooo, j’ai troué ma dernière paire de chaussettes à Mamaaaaaan, t’as pas des collants steuplait???,

et surtout, du nomadisme à la sédentarité,

oui, rentrer d’un tour du monde,

ça fait un sacré choc.

Retour parmi les miens :

Je suis rentrée donc, prête à être au centre de toutes les attentions, et le redoutant en même temps. C’est le cas au début mais très vite, je me rends compte que beaucoup de proches n’osent pas partager avec moi leurs histoires, qui leur paraissent banales comparées aux miennes. Pourtant, je fais tout pour ne pas étouffer mon entourage avec mes récits de voyage, et à chaque fois que quelque chose me fait penser à cette fabuleuse traversée du Cambodge en stop, à ce trek autour du mont Fitz Roy en Argentine, ou à ces quelques semaines passées chez une éleveuse de chiens de traîneau au Québec, je m’abstiens.

Chien de traineau, Québec

WWOOFING avec des chiens de traineau, St Guillaume Nord, Québec

Au fil du temps, ma famille et mes amis finissent par me raconter un peu de leurs vies et surprise : le monde n’a pas cessé de tourner sans moi. Ma fierté et mon égo prennent une pause et c’est tant mieux, un peu plus et j’aurais fini par avoir les chevilles gonflées.

Non. Je ne manque nulle part, je ne laisse pas de vide. Les métros sont bondés, les restaurants comblés, les têtes bourrées à craquer de petits soucis. J’ai glissé hors du monde et il est resté plein. Comme un œuf. Il faut croire que je n’étais pas indispensable. J’aurais voulu être indispensable. À quelque chose ou à quelqu’un. À propos, je t’aimais. Je te le dis à présent parce que ça n’a plus d’importance.

Jean-Paul Sartre, Les mots

Le décalage d’une vie hors-système :

Je suis rentrée donc, et dans un dossier de plusieurs centimètres d’épaisseur, les papiers administratifs reçus l’année passée m’attendent. Ça tombe bien, remplir des formulaires et passer trois heures à chercher des documents que j’ai égaré depuis tout ce temps, j’adore.

Je ne suis plus à jour nulle part, et la plupart des administrations étant interconnectées, j’ai besoin du formulaire A pour obtenir le B, mais je ne peux bénéficier du B que si je présente le A.

Plus d’adresse, et aucune ressource depuis un an et demi, certains organismes me demandent même de leur confirmer par un écrit supplémentaire la véracité de mes propos. J’improvise donc une grande chasse au trésor à travers Orléans, et avec un peu de chance, bientôt, je pourrais achever de cocher tous les items de ma to-do-list.

Tout en faisant ça, je repense à ce majestueux désert qui m’a fait tant écarquiller les yeux lors de mon récent road trip en Namibie, et je me demande bien ce que je fais là.

Désert du Namib

Dune 45, désert du Namib

Des rêves en amenant d’autres :

Je suis donc rentrée de ce voyage initiatique, mais bien que mon corps soit ici mon esprit est resté là-bas. On ne passe pas d’une vie trépidante où la palette de sentiments dépeint des couleurs jusqu’alors inconnues, à un quotidien routinier et fade sans ressentir une pointe de nostalgie. Seul avantage : je suis épuisée, alors je dors et pendant ce temps-là je continue de m’évader je ne sais où. Mais au réveil, chaque matin, ma première pensée est de me demander où suis-je, avant de réaliser qu’Orléans est bien moins exotique que le Brésil ou Madagascar (mais c’est bien quand même hein…).

Iguaçu, Brésil

Chutes d’Iguaçu, Brésil

Alors je passe des heures à naviguer sur internet, regardant des cartes et tentant de déchiffrer les secrets de tous ces espaces mystérieux, dont les noms évoquent des coins de paradis ou des promesses d’aventures. Bichkek par exemple, la capitale du Kirghizistan, j’ai toujours été attirée par ce nom qui ne ressemble à aucun autre. Moi qui pensait avoir tout vu, je réalise en quelques clics que je ne terminerai jamais mon tour du monde, et que je suis rentrée avec plus de rêves encore que lorsque je suis partie.

Alors…

Je suis rentrée donc, mais comme je l’ai déjà dessiné dans mon bilan nomade 2014, ce retour aux sources était de courte durée. J’ai eu l’occasion d’embrasser mes proches, de me reposer, de réaliser à quel point j’avais changé, et accessoirement de reprendre quelques kilos : il est temps pour moi de reprendre le cours de l’aventure là où je l’avais quittée.

Autostop Zambie

Autostop en Zambie

Dimanche, je m’attacherai à faire mon sac à dos, parce que j’aime bien le dimanche, on est plus détendu.

Lundi, je repartirai, parce que finalement lundi, mardi, ou mercredi, en y réfléchissant bien, c’est désormais pour moi un peu dimanche chaque jour.

Mardi, je verrai bien, d’ici là tout peut arriver, sûrement est-ce cela, la liberté?

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