Panier

Lors de mon récent road-trip en Slovénie, j’ai eu l’occasion d’explorer une ancienne usine à sucre abandonnée, âgée de près de deux siècles.

Il s’agit là de l’un des plus importants exemples de l’héritage industriel slovène. Construit en 1828 afin d’en faire une raffinerie, le bâtiment continue de grandir au fil des décennies. En effet, séduisant de nouveaux propriétaires fonciers et attirant ainsi des capitaux supplémentaires, l’usine a connu une phénoménale expansion : acquisition de chaudrons et de machines coûteuses, et construction de nouvelles ailes servant d’entrepôts. Elle a d’ailleurs vu fonctionner en son sein en 1835 le premier moteur à vapeur du pays, évènement historique.

Cela explique son architecture fragmentée. Bâtie en plusieurs strates, aux murs de briques rouges et orangées, l’usine offre une première impression relativement sombre et morne. Pourtant, en explorant les lieux de plus près, elle recèle bien des trésors, dont un passé chargé d’Histoire. Au sommet de sa gloire, elle emploie plus de 200 ouvriers.

La production est vendue principalement en Hongrie, ainsi dans les autres pays des Balkans jusqu’en 1858, année où tout s’effondre. Un ouvrier un tant soit peu négligent déclenche par mégarde un gigantesque incendie, à l’origine de la destruction de l’entreprise et de la totalité du stock de sucre. Ce dernier fond alors dans la rivière voisine, colorant l’eau d’un brun suave – liquoreuse catastrophe écologique.

Toutefois, la réelle raison de l’arrêt de la production est étroitement liée à l’arrivée de nouvelles technologies en France, dans le secteur de la betterave sucrière. La concurrence est très rude et ajoutée aux récents dégâts, c’en est trop. Le bâtiment est alors transformé en maison de recrues militaires puis en usine de tabac, et suite un deuxième feu – la loi des séries – il devient une caserne militaire.

Un séisme survient en 1895, l’ancienne usine à sucre sert alors d’abri. Il en va de même durant la seconde guerre mondiale, puis elle sera réutilisée comme centre d’hébergement pour personnes défavorisées (sans-abris, travailleurs pauvres et prostituées). Cela rappelle d’ailleurs un peu ma session URBEX en Croatie, à la découverte d’un centre d’accueil pour enfants réfugiés hongrois.

Il est important de noter le rôle essentiel de ce bâtiment dans l’Histoire de la littérature slovène. En effet, plusieurs poètes, comme Josip Murn Aleksandrov, Dragon Kette, Cankar et Župančiča (issus du mouvement moderniste) y font mûrir leur inspiration, s’y réunissant pour des lectures à haute voix. Par la suite, un collectif d’anarchistes y trouve également refuge, pour mettre en place différentes réunions.

Aujourd’hui, comme souvent dans le monde de l’exploration urbaine, ce sont les squatteurs qui ont pris possession des lieux. On trouve sur le sol des centaines de seringues usagées et de nombreux détritus. Toutefois, il existe un plan de rénovation souhaitant transformer le bâtiment en un centre administratif et culturel. Cela coûte cher et les travaux n’ont toujours pas débuté, malgré un permis de construire déjà obtenu.

Avec près de 200 ans d’existence, il serait temps pour l’ancienne usine à sucre de prendre un nouveau tournant, plus moderne et adapté aux besoins de la ville. C’est la raison pour laquelle on parle de création d’un grand espace culturel, qui pourrait devenir une nouvelle attraction touristique et redonner au quartier historique un peu de son éclat. Le projet prévoit d’abriter un club de jazz, un restaurant, un espace multimédia, une librairie spécialisée, une bibliothèque, un atelier et un espace événementiel avec quelques gradins. En espérant que le projet ira jusqu’à son terme, et que la bâtisse n’aura plus jamais à affronter de nouvelles flammes…

Si vous aimez les usines abandonnées, je vous invite à jeter à œil à la galerie suivante : URBEX Grèce, ou l’usine qui filait un mauvais coton…

Avertissement :

Visiter cette usine abandonnée représente un danger potentiel. De même, afin de préserver sa protection face aux pillages et aux dégradations, je ne communiquerai aucune adresse. Merci donc de ne pas me contacter à sujet, et pour plus d’informations veuillez lire mon article l’URBEX c’est quoi.

Je n’encourage personne à se rendre sur les lieux, et je dégage toute responsabilité en cas d’incident.

Et pour aller plus loin , vous pouvez également retrouver mes articles retraçant mon voyage en Slovénie et plus généralement dans les Balkans, découvrir ma sélection de livres sur l’URBEX, ou jeter un œil à mes autres sessions d’exploration urbaine!

J’en profite également pour remercier Maryse, pour son importante contribution dans nos différentes recherches!


urbex slovénie

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