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Ces dernières années, on dénombre de plus en plus d’adeptes de l’URBEX, discipline également appelée exploration urbaine. Ce loisir autrefois insolite devient en effet à la mode, et les nouveaux explorateurs semblent se multiplier un peu partout en France, mais aussi dans le reste du monde.

Le principe est simple, il s’agit de découvrir des endroits abandonnés, qui sont souvent difficiles voire interdits d’accès. Si la démocratisation de la pratique joue un rôle important dans la préservation de la mémoire collective associée à ces différents lieux, certains regrettent la dégradation de plus en plus rapide de ces sites ayant un riche passé historique. Et tous ont probablement raison, j’ai d’ailleurs pu le constater en visitant la maison du Parti Communiste bulgare, mais j’y reviendrai dans un futur article. En attendant, revenons-en à notre sujet principal : l’URBEX, c’est quoi exactement?

URBEX, définition :

Le mot URBEX est né de la contraction des mots anglais Urban Exploration : exploration urbaine en français. L’explorateur se rend sur des lieux construits puis abandonnés par l’homme, où la nature tente de reprendre ses droits. La discipline recouvre un champ d’activité très large, puisqu’il peut s’agir de friches industrielles, d’édifices religieux mais également de bâtiments publics, privés ou militaires, de toits, de souterrains…

La plupart des sites ne sont évidemment pas ouverts au public, pour des raisons de sécurité comme de préservation des infrastructures. Ainsi, pratiquer l’URBEX n’est pas toujours un jeu d’enfant : il faut tout d’abord avoir connaissance du lieu et de sa localisation, puis parvenir à y entrer. Une fois sur place, mieux vaut être prudent afin d’éviter de faire une chute ou de se blesser.

Une centrale électrique abandonnée, mais toujours debout!

Une centrale électrique désaffectée, mais toujours debout!

Pourquoi faire de l’exploration urbaine?

Au premier abord, l’URBEX semble donc être une passion assez bizarre, et l’on peut se demander quel est l’intérêt de la discipline. Les raisons qui poussent tant d’adeptes à rejoindre l’aventure sont nombreuses, et différentes pour chacun des explorateurs. Toutefois, je me permettrai d’évoquer les motivations les plus courantes, que je partage aussi :

  • L’émotion : les sites abandonnés baignent toujours dans une ambiance très particulière, un mélange de sérénité, de mélancolie, de beauté et d’apocalypse à la fois. Difficile de ne pas être touché par leur atmosphère aussi douce que pesante, et de pas être sensible aux tristes tournants de leur histoire.
  • L’intérêt historique : en préparant une session puis en franchissant les portes d’un lieu, on se retrouve plongé en plein cœur de son passé comme lors de mon exploration de la villa du dictateur Tito, et l’on imagine ce à quoi il pouvait bien ressembler, avant que la vie ne s’y éteigne. C’est en quelque sorte une façon de mieux connaître une époque révolue, mais aussi de préserver la mémoire collective.
  • L’intérêt artistique : qui dit URBEX dit souvent photographie. Il faut dire que le mystère dégagé par les lieux et l’architecture incroyable que l’on découvre parfois sont propices à la prise de clichés. Par ailleurs, il s’agit aussi d’un excellent terrain d’entraînement pour tout travail photographique. Outre le fait d’affiner son propre regard artistique sur les aspérités qu’offre le site, il faut apprendre à capter la lumière généralement faible, et recommencer aussi souvent que nécessaire.
  • Le goût pour l’aventure, le challenge et l’interdit : je ne vous le cacherai pas, faire une session d’exploration urbaine peut être très excitant, d’autant plus lorsque l’on a passé beaucoup de temps à rechercher sa localisation. On sait toujours ce que l’on cherche, mais jamais ce que l’on va y trouver : on connaît alors les meilleures surprises comme les plus grandes déceptions!
urbex croatie base militaire

Session URBEX au sein de la plus grande base militaire d’Ex-Yougoslavie

Les différentes branches de l’URBEX :

Si la discipline est vaste, on peut toutefois la subdiviser en différentes catégories. Tous les urbexeurs n’ont pas le même champ d’intervention, chacun a sa spécialité, ou sa préférence…

La toiturophilie :

J’ai pris connaissance de cette branche particulière de l’URBEX en faisant des recherches à mes débuts, mais j’ai vraiment compris de quoi il s’agissait lorsque j’ai hébergé deux semaines une voyageuse toiturophile. Toits des cathédrales et des immeubles, grues : rien ne semblait suffisamment haut pour satisfaire ses pulsions vertigineuses. J’ai encore en mémoire ses prises de vues fantastiques depuis les hauteurs de Moscou et de Saint-Pétersbourg : il y avait là de quoi rendre les plus grands urbexeurs jaloux!

Moi qui pensais qu’il ne s’agissait que de se hisser sur les toits d’un bâtiment afin de contempler la ville, j’ai réalisé qu’en réalité, il s’agissait surtout de se sentir vivant. De ressentir le vent. De devenir, l’espace de quelques heures, le maître de la cité et de ses profondeurs.

La cataphilie :

C’est le même principe, mais quelques étages en dessous : il faut descendre dans les souterrains et catacombes. Les urbexeurs parisiens ont d’ailleurs sous leurs pieds un immense terrain d’exploration. Située à la limite de la spéléologie, la cataphilie a toutefois la spécificité de focaliser l’attention sur les lieux construits par l’Homme, et sur tout le côté historique qui va avec.

Certains passent même plusieurs jours sous terre et y ré-organisent une sorte de vie souterraine. Vous vous en doutez, ces derniers sont très peu nombreux. Coupés de la lumière naturelle, s’habituant à une nouvelle résonance des sons, les repères qu’ils y recréent sont aux antipodes de ceux de la surface de la ville : vivre ce type d’expérience est aussi l’une des motivations des cataphiles.

L’exploration urbaine « classique » :

Contrairement à d’autres plus acrobates, certains urbexeurs ont toutefois les pieds sur terre. Les sessions URBEX peuvent alors s’effectuer dans des complexes industriels, des bases militaires, des édifices religieux, des anciens pensionnats, des hôpitaux ou des écoles, des châteaux, des parcs d’attractions

C’est pour ma part le type d’exploration urbaine que je préfère, avec deux gros coups de cœur pour les friches industrielles et les vestiges soviétiques, probablement pour leur côté très impressionnant.

urbex voiture

Découverte d’un cimetière de vieilles voitures

Un dérivé, l’exploration rurale ou RUREX :

C’est la même chose que l’URBEX, mais l’exploration se situe en milieu rural, d’où le nom RUREX (rural exploration en anglais, ou exploration rurale). Les sites visités correspondent plutôt à des maisons de campagne, des fermes ou coopératives, des granges, des cabanes, des silos…

L’attrait historique est généralement plus présent dans le milieu RUREX, les explorateurs ayant souvent passé une partie de leur vie dans l’environnement alentour. J’ai une amie qui est passionnée par cette discipline, je vous laisse découvrir son interview sur l’exploration rurale!

Avertissement :

La pratique de l’URBEX nécessite une prudence toute particulière. Nul n’est à l’abri d’un risque d’éboulement, de chute, d’intoxication, etc…

Malheureusement, les accidents tendent à se multiplier avec la nouvelle vague de jeunes urbexeurs, sinon imprudents, peut-être trop pressés. Mieux vaut renoncer à une exploration mal préparée, plutôt que de prendre des risques inconsidérés.

Je suis convaincue que nous pratiquons tous l’URBEX, sans même le savoir. Non? Êtes-vous sûr de n’être jamais entré dans un bâtiment quelconque, où vous n’étiez pas censé aller? Même lorsque vous étiez petit? Allez, avouez!

exploration urbaine urbex suède

Retour en enfance : visite d’un parc d’attraction abandonné

Je suis certaine que, tout comme moi, vous aviez alors eu l’impression de pénétrer dans un monde parallèle incroyable…

Si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à découvrir mon tutoriel pour faire du light painting, ainsi que ma sélection de livres sur l’URBEX. Enfin, je vous encourage à jeter un œil à mes différentes explorations urbaines, n’hésitez pas à me donner votre avis!


L'URBEX, c'est quoi? Partez à la découverte de lieux abandonnés à travers le monde!

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Join the discussion 15 Comments

  • R. dit :

    Je viens de lire tes deux articles sur l’urbex et le rurex (super interview) et j’aime beaucoup !
    Effectivement, petit ça m’intéressait déjà sans le savoir haha
    PS: un peu flippant le bonhomme de neige

  • Zion J Photography dit :

    Très belle présentation d’une discipline que j’ai découvert depuis peu et qui me passionné énormément.

  • Urbex dit :

    Je découvre ce site à travers un sujet qui me tient particulièrement à coeur ! Et c’est une belle découverte. La lecture est agréable et comme les récits de voyage ainsi que ce qui gravite autour ne m’est pas nécessairement hostile je pense que je vais me laisser tenter par davantage de lecture ici :).

  • Je suis passé plusieurs fois sur ton blog et je n’avais jamais remarqué ta rubrique « Urbex ». Pourtant, on n’est pas des masses à avoir des blogs de voyage avec une rubrique comme ça ! Au plaisir de te croiser en exploration que ce soit en France ou à l’autre bout du monde 🙂

    • Salut Monsieur Kurtis! Effectivement, nous ne sommes pas nombreux à partager ces deux passions sur un même blog, du coup je m’empresse d’aller jeter un œil à ton site… Au plaisir également, le monde n’est pas si petit, surtout dans ce milieu 🙂

  • Stephanie dit :

    Comme tu dis je pense qu’on en a tous fait sans le savoir, et surtout sans savoir comment cela s’appelle ! Je découvre ce terme grâce à ton article et j’avoue trouver ça fascinant. Malgré tout, comme Flowerpower plus haut, braver l’interdit me pose un peu problème aussi donc à voir… ça dépend du degré d’interdiction 😉 ahahaha !

    Sinon j’ai aussi découvert les termes de toiturophilie et cataphilie je vais m’empresser de chercher des photos !

    • Tout à fait, et d’ailleurs, pas besoin de connaître le nom finalement, c’est la découverte qui prime! Concernant le fait de braver l’interdit, je fais toujours le choix de laisser les lieux tels que je les ai trouvés. En d’autres termes, s’il n’existe aucune ouverture, je ne fracture pas les entrées pour pouvoir visiter l’intérieur (certains le font et ont d’ailleurs de bons arguments, mais ce n’est pas mon choix). Comme tout, je crois que mettre un peu de bon sens au cœur du projet permet d’explorer de façon respectueuse. Cela dit, je comprends tout à fait ton point de vue 🙂 Bonne continuation à toi!

  • Flowerpower dit :

    Je découvre le concept, bien que j’aie eu l’occasion d’admirer des reportages photos d’urbexeurs (mais je ne savais pas qu’on les appelait ainsi) … ça me tenterait aussi, peut-être dans les lieux où il y a des engins abandonnées et en partie envahis par la nature qui reprend ses droits ( voitures, engins agricoles, camions, avions …) ou bien des machines de travail collectif (usines) … mais pour cela, il faut braver l’interdit, et ça, c’est pas mon truc, j’peux pas …

    • Oui effectivement, l’un va rarement sans l’autre! Il y a toutefois pas mal de sites ouverts au public, qui même s’ils diffèrent un peu de l’urbex classique, présentent un intérêt. Pourquoi pas chercher un peu plus de ce côté la?

  • vero bis dit :

    cela fait un bout de temps que je ne t avais plus suivie, depuis ton retour sur orleans et voila que je retrouve ton adresse sur mon ordi en faisant du tri, et oh joie, tu as continue dans ta voie ! tu es fantastique, franchement compliment pour ton choix de vie et la qualite de tes reportages et articles 🙂
    belle vie à toi!

  • maryse dit :

    Un très bon article sur l’urbex avec de belles photos. Un gros bisou pour le clin d’oeil. Et je l’espère, dans un avenir proche, une session urbex avec toi. Bises

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