Panier

Pas évident de décider de faire de l’auto-stop pour la première fois, avec ce que l’on peut lire dans les différents médias. Pourtant, ce mode de transport (et de rencontre) alternatif a tant à offrir ! S’il y a bien une chose qui m’a permis de sortir des sentiers battus tout en décuplant mon ouverture au monde et ma confiance en l’autre, c’est bien l’auto-stop. D’ailleurs, je ne suis pas la seule à penser cela : six blogueurs voyage ont accepté de partager avec nous leur première expérience d’auto-stop, et voici sans plus attendre leurs témoignages…

Céline, et la mythique Ruta 40 :

Je suis née et j’ai grandi entre les pistes d’atterrissage et une gare RER de la banlieue parisienne. En bus, train ou en métro je pouvais aller n’importe où. À 13 ans j’ai déménagé dans le Sud. Au centre du triangle Nîmes-Millau-Montpellier, j’ai appris à me déplacer sans carte orange. C’est sous le soleil que j’ai commencé à faire du stop. Pour aller au lycée ou manifester je suis montée dans des dizaines de véhicules. Petit à petit l’auto-stop est devenu mon moyen de locomotion préféré au point d’entreprendre la traversée des Amériques de la Terre de Feu jusqu’à l’Alaska en stop, solo et sac à dos. Comme souvent dans les voyages, rien ne s’est passé comme prévu.

Au Chili j’ai rencontré un amoureux. C’était son premier voyage. Voyage à deux, voyage en stop. D’Ushuaïa jusqu’à la province de Buenos Aires nous avons longé l’Atlantique. Nous avons partagé les longues lignes droites de la Ruta 40 avec des guanacos sauvages et des chauffeurs routiers. Une Française et un Chilien en Argentine, ça aiguise la curiosité. Un pays en crise et consumé par la corruption, ça interroge. Pour nos premiers 2451 Km nous avons eu un accident, un débat sur le nom de la pâte à pain frite, un éloge de l’amour, un récital de recettes de cuisine, des routiers exécrés par la politique de Macri et une salade de fruits.

Arrivés à Bahia Blanca nous avons changé de cap. Direction Córdoba à l’Est. 926 Km, un échange de piments, des rires contenus lorsqu’un routier carnivore a essayé de convaincre la végétalienne que je suis de manger 1 Kg de viande par jour, les sourires discrets en écoutant un inconnu nous parler des merveilles de « bite », sa ville natale, des fous rires partagés en imitant des accents d’ailleurs et des contrôles routiers à tout va.

Il nous restait 882 Km avant le Chili. On nous avait prévenus, à San Juan, c’est le désert. Traverser cette frontière en stop c’est signer son arrêt de mort. Têtus, nous avons opté pour un lot d’aventures et de rencontres merveilleuses. En voiture nous avons partagé les tranches de vie d’une sœur et d’un frère qui sont arrivés en retard à un barbecue pour nous aider ; de collègues qui ont déjoué un barrage policier pour nous permettre de traverser le désert à l’arrière d’un pick-up ; d’un ancien policier et de son accident qui a failli l’entraîner vers l’au-delà ; d’un professeur de mathématiques qui a fait monter le compteur à 170 pour boire du champagne le 31 décembre ; et d’un inconnu qui nous a offert une nuit d’hôtel et une Bible sans jamais nous parler de Dieu. Nous avons survécu au désert de San Juan grâce à un couple, arrivé in extremis pour nous faire passer la frontière chilienne. Dans leur voiture plus grande que notre tente on a parlé de l’Italie et de Paris.

En trois semaines on a traversé l’Argentine. De zigzags en détours on a souri à des dizaines de personnes. On a partagé nos vies et nos sourires. Lovés au creux de notre mémoire, ce sont ces rencontres qui ont fait de ce voyage un moment exceptionnel.

Céline, du blog Voyages d’une plume

faire de l'autostop pour la première fois

Cécilia, un maté avec Anibal :

Ma première expérience en stop, c’était en France. À plusieurs reprises, j’ai levé le pouce pour rentrer chez moi du lycée. Il n’était pas question d’attendre 2-3 heures de plus, je connaissais déjà par cœur les rayons du CDI. Le stop rimant pour moi avec le mot aventure, j’estime que ma « vraie » première expérience de stop, c’était en Argentine.

Avec Tim, nous venions tout juste d’arriver au pays du tango que nous décidions de quitter la capitale de Buenos Aires pour remonter dans le nord du pays. Nous avons suivi les conseils éclairés de notre hôte Couchsurfing pour prendre la route, c’est-à-dire, se rendre sur la route la plus favorable et se positionner correctement pour avoir des chances d’être pris. Nous étions tellement préparés à arriver sur cette route en question, que nous avions oublié ce pour quoi nous y allions. Aucune appréhension, aucun doute et aucun plan B d’ailleurs. Quand j’y repense, soit nous étions insouciants, soit courageux. Nous sommes arrivés au bord d’une autoroute, tout juste avant le péage, c’était le moment de lever le pouce. À ce moment-là, on se regarde en souriant et on se demande si l’un ou l’autre avait vraiment déjà eu une expérience en auto-stop. On en conclut que ça sera notre première expérience de stop dans un pays où nous ne maîtrisons pas la langue.

Je me lance, le bras levé, le sourire gêné, je me sens rapidement honteuse de me retrouver face à ces inconnus et de faire appel à leur bienveillance. Mise à nu devant des regards incompréhensifs ou encourageants, je me suis demandé si nous allions rester plantés sur le bord de la route encore longtemps. Les premières minutes étaient loin d’être confortables pour la petite personne réservée que j’étais. On réfléchit sur la meilleure stratégie à adopter pour être le plus visible possible, comment donner plus confiance aux automobilistes, montrer nos gros sacs, mais sans trop… Jackpot !

Au bout d’une dizaine de minutes, un homme s’arrête avec une vieille voiture blanche un peu déglinguée (ne me demandez pas le modèle, je n’y connais rien). Une fois que nous avons à peu près compris jusqu’où il peut nous emmener (environ 500km plus loin), nous montons avec lui. Quelle joie, quelle chance et quel soulagement ! À peine montés à bord qu’il nous annonce que nous serons ses copilotes et camarades de maté. Le maté est une boisson très consommée en Argentine. Le boire et le préparer demande un peu d’attention, ce qu’il est impossible de faire en conduisant. C’est pourquoi, le Code de la route argentin interdit au chauffeur de préparer et boire du maté en roulant. Anibal, notre chauffeur, avait donc hâte de trouver des auto-stoppeurs pour partager un maté et ses viennoiseries. Tim s’improvisera responsable du maté, tandis que moi, sur la banquette arrière, j’écoutais la conversation. Encore merci à tous les conducteurs qui nous ont aidés à atteindre nos destination et parfois plus !

Cécilia, du blog Faim de voyages

faire de l'auto-stop pour la première fois

Emily, Paris-Moscou en auto-stop :

La première fois que j’ai fait du stop, je devais avoir 15 ou 16 ans avec des copines pendant les vacances d’été sur la Côte d’Azur. Nous avons juste fait quelques kilomètres car nous venions de louper le train. Aucune crainte, on a même trouvé ça très fun. Je n’ai donc jamais eu peur de faire de l’auto-stop, et j’en ai fait plusieurs fois sur des petites distances notamment pendant mon tour du monde en solo en 2008. Ce qui me limite à en faire en général sur des longues distances, ce sont les bagages car je suis toujours trop chargée quand je pars longtemps. D’ailleurs, ce que je conseille pour faire de l’auto-stop, c’est de voyager léger.

En 2009, après mon tour du monde, j’ai fait un grand périple dans le Sud de la France pendant un mois toute seule en auto-stop. J’ai adoré et j’ai rencontré plein de gens sympas, j’ai même fait un peu de train-stop. Et en 2010, avec ma meilleure amie, j’ai fait le plus grand voyage en auto-stop de ma vie : Paris-Moscou en auto-stop pendant un mois, soit plus de 4000 kilomètres à travers 8 pays. C’est une aventure incroyable que nous avons filmée et dont nous avons fait un film et une web-série intitulés Paris-U2-Moscou. Si vous voulez vous motiver à faire du stop ou tout simplement rigoler à nos aventures, n’hésitez pas à regarder cela. Ces vidéos vous montreront à quel point ça peut être fun de faire du stop, même s’il peut y avoir des galères bien sûr.

Emily Z. du blog TravelAndFilm.com

faire du stop pour la première fois

Mila, ou savoir dire non :

Il y a 8 ans, je suis partie vivre en Nouvelle-Zélande sur un coup de tête. Je n’avais alors pas prévu la carte bancaire qu’il fallait. Cette dernière se bloquait complètement pour une semaine au-delà d’un retrait de 200€ ! Afin de limiter les coûts, je retirais donc 200€/semaine et les mettais sur mon compte néo-zélandais. Un jour, tout a basculé. Le propriétaire du bateau où je vivais m’a demandé de partir. Ce jour-là, j’ai fait mon opération bancaire habituelle, mais la banque néo-zélandaise a perdu les billets que j’avais déposé.

Je me suis retrouvée à la rue, sans un rond. J’ai alors décidé de rejoindre des amis dans le sud du pays. L’unique solution pour y parvenir était le stop. Sur la route, un maori s’est arrêté. Par chance, il allait à la bonne destination. Les premières heures, il m’a beaucoup parlé de sa culture et m’a expliqué comment dormir dans les marae (lieux de cultes maoris). Nous nous sommes arrêtés dans plusieurs villages. J’étais aux anges ! Après des mois dans ce pays, j’avais enfin la chance de rencontrer des maoris. Puis, mon chauffeur s’est mis à se confier à moi. Il avait perdu son fils, né la même année que moi, peu de temps auparavant. Il a alors insisté pour aller le voir dans un micro-cimetière, au fin fond de la pampa. J’étais extrêmement mal à l’aise et complètement paniquée. Il m’a imposé de m’asseoir devant la tombe de son gamin pour qu’on le pleure ensemble.

Après cet épisode, il a insisté pour que je vienne manger et dormir chez eux. Il n’avait aucune mauvaise intention, mais son comportement était plutôt déplacé. Je pense qu’il avait simplement besoin de se décharger sur quelqu’un d’extérieur. Mais je ne savais plus s’il me laisserait partir un jour. À l’époque, j’étais encore bien jeune et peu affirmée. Dire « non » m’était tout simplement difficile. Par chance, on m’avait donné un seul et unique conseil avant que je parte : toujours dire que des amis m’attendaient à destination, que ce soit vrai ou non. C’est ce que j’ai fait et c’est ce qui m’a permis d’avoir l’argument qui faisait mouche.

Cette première expérience n’était ni bonne, ni mauvaise. Elle était marquante cependant. De l’année que j’ai passé en Nouvelle-Zélande, ça a été mon seul vrai contact avec des maoris et c’est le stop qui m’a permis cette rencontre. Mais, fiou, ça m’a secouée !

Mila, du blog Un monde à vélo

commencer à faire du stop

Enora et Candie, une histoire de Champagne :

Notre premier trajet en auto-stop a eu lieu lors de notre premier mois de voyage en Argentine, à Bariloche, au Nord de la Patagonie. Nous voulions descendre plus au sud pour rejoindre Esquel, soit 3h40 de trajet. Nous n’avions jamais fait d’auto-stop jusque-là donc une petite appréhension était présente au moment de se lancer dans l’aventure. Mais les nombreux témoignages positifs d’auto-stop en Patagonie trouvés sur internet nous ont vite rassurées. C’est donc pancarte en main que nous nous sommes lancées, Candie et moi, à tendre le pouce à la sortie de Bariloche à une heure matinale, avec une pointe d’excitation et de peur.

Chance du débutant ou non, c’est au bout d’une vingtaine de minutes qu’un argentin s’arrête pour nous proposer de nous avancer à mi-chemin. À ce moment, notre espagnol était encore très approximatif mais ça ne nous a pas empêché de parler avec le conducteur comme on le pouvait. Ce fut une première expérience très agréable. Il nous racontait l’histoire des lieux que nous traversions. Et à notre grande surprise, au moment de nous déposer, il nous a offert une bouteille de champagne qu’il avait dans sa voiture. Un peu gênées par ce cadeau et par la gentillesse du geste, nous refusons d’abord gentiment en le remerciant de tout cœur. Mais face à son insistance, nous finissons par accepter.

Une petite demi heure de pouce en l’air plus tard, un car de la compagnie Marga, connu pour faire les longs trajets en Patagonie, s’arrête derrière nous en klaxonnant. Candie et moi nous regardons en nous demandant s’il s’est arrêté pour nous ou bien s’il klaxonnait pour que nous nous poussions. Après quelques secondes de questionnement, nous finissons par voir une main sortir par la fenêtre côté passager du bus nous faisant signe de venir. Nous nous précipitons donc pleines d’espoir et avons confirmation que les deux chauffeurs du car peuvent nous avancer à quelques kilomètres de notre objectif. Banco, c’est parti ! Nous montons dans le car qui est vide et nous sommes invitées à venir nous installer avec eux dans la cabine conducteur. Une discussion en entraînant une autre, nous voilà à avoir un cours d’espagnol privé. Ils nous apprennent les mots de base que nous notons précieusement dans nos carnets. Puis nous passons à l’histoire de France. C’est notre moment de solitude quand le chauffeur commence à parler de Napoléon et d’autres faits historiques français. Notre piètre niveau nous a fait honte car il connaissait bien mieux notre histoire que nous… Ce fut pour autant un moment d’échange super riche.

Si c’était à refaire, nous poursuivrions la route avec eux jusqu’à El Calafate, leur destination, à une vingtaine d’heures de route au sud et notre propre destination quelques jours plus tard. Enfin, pour faire les 10km restant, nous n’avons pas attendu plus de 10min et en remerciement, nous avons à notre tour offert la bouteille de champagne à notre dernier chauffeur.

Enora et Candie, du blog Les Géonautrices

conseils pour débuter l'auto-stop

Roobens, ou affronter ses peurs :

On m’a très souvent dit que j’étais très aventurier, j’ai en effet visité pas mal d’endroits dans le monde tout seul. Et pourtant je trouve qu’il y a des gens bien plus courageux : les voyageurs qui se lèvent un matin sans savoir où ils dormiront le soir, ni même où ils iront. Ou même, assez surprenant, ceux qui font de l’auto-stop ! Rien d’extraordinaire à faire de l’auto-stop, je sais, mais j’ai vraiment du mal, probablement un blocage…

Et pourtant, j’ai fait mon premier trajet en auto-stop il y a un an et demi, en Moldavie ! Je n’étais pas seul, mais c’était un vrai challenge pour moi ! J’étais donc à Chisinau, la capitale de la Moldavie, et je me rendais dans un petit village très connu là bas, Orheiul Vechi, à 60 kilomètres environ. C’est un village connu pour être très ancien, avec un monastère de plusieurs siècles… Il fallait prendre deux vans depuis la capitale. Le premier trajet se passe sans encombre, le van nous lâche à 30 kilomètres de notre destination et le chauffeur nous donne le numéro du van suivant à prendre, qui arrivera « d’ici 15 minutes maximum ». 15 minutes passent, puis 30, une heure… Pas trace de van. Mon amie me dit « ça ne sert à rien d’attendre, le second van ne viendra pas. On a commencé le trajet, on va le finir ! Pas question de rentrer maintenant ! »

Je m’inquiète un peu… Je n’ai jamais fait d’auto-stop, et j’avais en tête les colonnes faits divers des journaux. Elle me rassure « t’inquiète, ça va bien se passer ! ». Et elle se met au bord de la route, et lève son pouce. « Toi t’es une fille, ils vont te laisser monter. Mais moi ? Je suis noir en plus, ils voudront bien de moi ? » Elle rigole, et me redit que ça va aller. Au bout de 20 minutes, et une dizaine de voitures qui passent, il y en a finalement une qui s’arrête. « Orheiul Vechi! Orheiul Vechi ! ». Les deux messieurs à l’avant, des quinquagénaires, ne parlent pas un mot d’anglais. Mais ils comprennent où on veut aller, et nous font signe de la main « Montez ! ». Les 30 kilomètres se passent sans encombre. On ne peut malheureusement pas communiquer avec les deux locaux mais tout se passe bien.

Un peu tendu au début, j’ai fini par me détendre. Nous arrivons finalement à destination, et nous avons quand même donné un peu de sous aux locaux avant de descendre. Suite à cette expérience, j’ai bien compris qu’il ne fallait pas se laisser envahir par ses peurs (souvent) infondées, et suivre son instinct. Je l’ai refait plusieurs fois par la suite, dans des pays où c’est plus commun de faire de l’auto-stop (Iran, Turkménistan). Il ne faut pas hésiter à faire de l’auto-stop si besoin, vous pouvez parfois faire de belles rencontres !

Rooben, du blog Been Around The Globe

conseils pour débuter l'autostop

Avant de conclure, je pourrais vous glisser deux ou trois conseils pratiques, afin de rassurer les derniers récalcitrants qui aimeraient se lancer, mais qui n’osent pas. Mais finalement, ça ne serait rendre service à personne. L’auto-stop n’est pas une affaire qui mange de ce pain-là. C’est tout, sauf cela. Ainsi, je peux seulement vous souhaiter de lever bien haut les pouces, et de vous en remettre aux anges gardiens que vous croiserez en route, ainsi qu’à votre bonne étoile…

La vraie inconscience n’est pas de partir, vulnérables, sur des pistes lointaines mais de croire qu’on peut les fouler sans compter sur sa bonne étoile. Et, par égard pour elle, nous nous refusons de parler de coïncidence ou de hasard heureux. Nous préférons être attentifs aux éclats qu’elle dégage. Et réceptifs aux signes de cette présence qui ne chômera jamais durant tout le voyage.

Sylvain Tesson et Priscilla Telmon, La chevauchée des steppes

Faire de l’auto-stop pour la première fois ?

En complément de ces différents témoignages, je vous invite tout de même à découvrir ma petite sélection d’articles, pour celles et ceux qui souhaitent faire du stop pour la première fois, mais également pour les auto-stoppeurs confirmés :

Enfin, je tenais à remercier les différents blogueurs cités ci-dessus, pour avoir bien voulu partager leur première expérience d’auto-stop avec nous ! Pas toujours facile de sauter le pas, et pourtant, débuter l’auto-stop est bien souvent un jeu d’enfant… Alors, à qui le tour ? Et surtout, n’hésitez pas à nous faire part de votre premier trajet sur le pouce dans les commentaires !


Ma première fois en auto-stop : 6 blogueurs voyage partagent leur expérience... | Histoires de tongs, le blog voyage passionnément alternatif

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